De toute façon on sait tous que Chihiro finira junkie...
Je vois enfin ce film de Miyazaki ( Peut contenir des SPOILERS)
"Un des meilleurs films d'animation jamais faits!" entendis-je par là, "Une ode à l'enfance, des images d'une grande poésie" ouies-je par ici, "un chef d'oeuvre à l'onirisme parfait" entendis-je beugler par là-bas. Bref un film qui, selon toutes vraisemblances, part avec de belles promesses et une capacité d'émerveillement intense. Bizarrement, je n'ai rien trouvé de merveilleux dans ce film, et ce à tous les niveaux.
Alors loin de moi l'idée de dire que ce film est mauvais. Au contraire je l'ai même trouvé assez sympa dans son ensemble. Mais plusieurs points m'ont plutôt gêné.
Pour moi ce film ne brillait que par intermittences. Quelques scènes m'ont beaucoup plu, comme la découverte du champ de ruines, le passage dans le train où encore la scène du gros bonhomme visqueux. Les quelques passages poétiques aussi. Ceux qui demeurent silencieux et juste bercés par la musique de Joe Hisaishi. Mais ces moments-là sont si rares, le reste ne m'a clairement guère impressionné à commencer par l'animation. Je ne pense pas que ce soit le critère le plus critiquable ou le plus apprécié par les fans en général, mais j'ai trouvé ça plat, parsemé par ci par là de quelques bonnes trouvailles visuelles mais dans sa globalité, l'animation ne m'a guère emballé.
Alors oui c'est imaginatif, peut-être même trop. J'ai vraiment eu l'impression que Miyazaki a voulu en faire trop. C'est vraiment de la surenchère. Avec cette tonne d'effets, de personnages et de trucs tout droit de son imaginaire, l'auteur a surchargé son film le rendant trop lourd. L'émerveillement, ou du moins la curiosité, perceptible au début disparait au fur et à mesure que de nouveaux éléments apparaissent. C'est vraiment la première impression que ce voyage de Chihiro m'a donné.
Avec cette certaine répétitivité, d'autres éléments m'ont aussi pas mal saoulé. La sorcière tout d'abord. On introduit ce personnage dans une logique totalement anti-manichéenne, à un tel point que ça en devient chiant, il n'y a aucun piment dans ses confrontations avec Chihiro. Du coup la "presque" noirceur qu'on pouvait percevoir dans l'oeuvre laisse clairement l'impression que tout se terminera bien, et que personne ne souffrira, que tout le monde il est beau il est gentil, bref cet anti-manichéisme se transforme en quelque chose de niais. Après bien sûr ça plaira plus aux enfants, je sais que tout cela est voulu mais que voulez-vous... Je n'accroche pas à cette façon de faire.
Ensuite vient le personnage de Chihiro, symbole de cette répétitivité du film. On a le droit à un remix japonais de Vincent Lagaf' version petite fille qui accumule les gaffes de manière tellement répétitive et tellement exagérée que ça en devient lassant. Et voilà que je me casse la gueule dans le liquide visqueux du gros bonhomme... Et voilà que je fais tomber le truc pour le lavage... Et voilà que je glisse... Bon sang je veux bien comprendre que ce film soit un doux regard sur l'enfance et qu'il en souligne les petites erreurs du quotidien mais bordel, Miyazaki était-il obligé de nous assommer sans cesse avec ça? A croire qu'il se disait à chaque scène "Regardez, chers spectateurs, mon heroïne se casse toujours la gueule... Vous voyez, hein? Hein?". Ce procédé m'a laissé vraiment de marbre. Après les aventures de Chihiro restent intéressantes, ses mésaventures aussi mais tout se termine vraiment trop facilement. Le tout est trop expédié à mon sens. Chihiro rencontre un bonhomme à masque vaudou venu de nulle part, qui c'est on en sait rien, mais en tout cas il a faim et bouffe tout ce qu'il trouve, sauf Chihiro, et il lui fabrique même de l'or. Après Chihiro rencontre la jumelle de la vilaine sorcière qui est gentille pas comme sa vilaine soeur (mais qui a le même poireau entre les deux yeux qui donne envie de l'éclater avec une punaise ) et qui l'aide. Ensuite Chihiro devine toute seule que papa et maman ne se trouvent pas parmi la sélection de gros cochons grassouillets. Bam, elle est libre et les parents aussi, comme si de rien n'était. C'est vraiment expédié et trop facile.
Après je donne peut-être l'impression de trop tailler et d'appuyer sur les défauts, mais face à l'outrageuse surestimation de ce film c'est un moindre mal. Cependant je réitère ce que j'ai dit au début. Dans l'ensemble c'est symapthique. Imaginatif (mais trop, à tel point que ça lasse à force), Poétique par intermittences, globalement intéressant, je peux comprendre qu'on adhère totalement à l'univers mais ce n'est pas mon cas. Un film que j'ai trouvé trop insipide pour le qualifier d'exceptionnel.