Se lancer dans la rédaction d’une critique de l'un de ses films préférés est une tâche ardue, d'autant plus lorsque le film en question a déjà été moult fois critiqué et plébiscité.
De ce constat, que faire ? Réitérer une liste des qualités et défauts (aussi infime soient-ils) du métrage ? S'exprimer librement ? Ne rien écrire ? De ces trois possibilités, j'ai longtemps adopté la dernière, et c'est sans pouvoir l'expliquer que je me lance aujourd'hui dans cette rédaction.
Mes premiers souvenirs du Voyage de Chihiro me renvoient à une cassette. Une cassette qui, pour je ne sais quelle raison, ne m’attirerai pas. Ainsi, ma cousine s'acharnait à vouloir me faire découvrir ce film, une persévérance qui porta ses fruits puisque par un jour d'été, j'ai découvert Le Voyage de Chihiro, et Miyazaki par la même occasion. Et là ce fut la claque !
Le film que je rechignais tant à voir venait de poser son empreinte indélébile en moi. Il serait peu dire que je l'ai tout de suite adoré.
Mais l'enfance est ponctuée de ces découvertes filmiques, dont les empreintes tendent à s'amenuir au fil du temps. Qu'en fut-il du Voyage de Chihiro ? Et bien, son empreinte ne s'est pas effacée, elle n'a cessé de grandir au fil de mes visionnages.
Aujourd'hui encore, j'aime à me replonger dans cette univers folkloriques et non moins magique, à voyager avec la jeune Chihiro, à me fasciner par toutes les créatures proliférant dans le Palais des bains, à ne pas avoir à supporter un manichéisme exacerber, écouter sa musique, ...
Pendant deux heures, je m'évade et me laisse aller, je me laisse conduire par Chihiro. Je ris avec elle, j'ai peur avec elle, je pleure avec elle. J'accompagne cette jeune fille maladroite dans son périple initiatique, je la vois grandir, prendre de l'assurance et jamais je ne m'en lasse.
Il me serait impossible de parler de ce film sans aborder la scène du train. Une scène que, paradoxalement, je trouvais ennuyeuse étant jeune, alors qu'aujourd'hui, c'est la scène que je retiens du film.
Cette traversée onirique et poétique ne cesse de me fasciner. Comme Chihiro, je contemple les divers tableaux se profilant à l'horizon, tableaux d'une beauté et d'une mélancolie qui me touche en plein cœur.
Une scène silencieuse, doucement bercé par la sublime orchestration mélodieuse de Joe Hisaishi.
C'est sans aucun doute l'une des scènes cinématographiques qui m'a le plus marqué, pourquoi ? Par ce que la simple vision d'une maison sur un îlot m’émerveille autant qu'elle me rend triste.
Il y a tant à dire sur Le Voyage de Chihiro, tant qu'une simple "critique" ne saurait suffire à exprimer tout ce que ce film peut représenter à mes yeux : un film de mon enfance, un de mes films préférés, mon Miyazaki préféré, ...
Mais je pense au moins pouvoir dire pourquoi j’aime autant ce film. Ce film m'offre tout ce que je recherche en me plongeant dans un film. Il m'offre de l'émerveillement, il joue avec mes sentiments, il me fait découvrir des personnages que j'aimerai ne jamais quitter et un univers dans lequel j'aime à m'évader, il est magnifique, il est riche et généreux visuellement, il m'emporte.
C'est pour toutes ces raisons que j'aime ce film, que je l'adore même. Mais c'est surtout pour cela, que je qualifie ce film, non seulement de l'un de mes films préférés, mais avant tout : de chef-d’œuvre.