Critique de Le Voyage de Gulliver à Lilliput et chez les géants par Torrebenn
Le film pionnier de l'incrustation, de l'écran divisé et de la perspective de studio. Y a-t-il une innovation qui ait échappé à Méliès ?!
Par
le 21 janv. 2017
Projeté la même année que Le Voyage dans la Lune (1902), Le Voyage de Gulliver est une des plus belles réussites de Georges Méliès. C'est la première adaptation du roman de l'irlandais Swift (écrit en 1721), Gulliver's Travel, qui en connaîtra des dizaines parfois très ambitieuses par la suite, souvent sous forme de dessin animé (version russe de 1935, japonaise de 1965). Le voyage de Gulliver est présenté en quelques moments-clés, sur quatre étapes, pour un résultat limpide, agité et entraînant.
Méliès y utilise de nombreuses techniques avec soin et intelligence, en plus de faire exulter son bric-à-brac habituel. La rencontre des géants et des lilliputiens donne à Méliès l'opportunité de jouer avec les échelles de plans. Les surimpressions permettent de faire cohabiter les différentes créatures et les installer dans des contextes 'contre-nature', avec quelques défauts de stabilité dans le cas du repas de Gulliver. Méliès avait déjà eu recours à la surimpression en 1901 pour un cauchemar dans Barbe-Bleue et pour Un homme de têtes dès 1898 (incrustations des têtes sans corps). Plusieurs transitions prennent la forme de dissolutions (très rapides, toujours grâce à l'arrêt-caméra), moyen plus subtil (et 'chargé') que le fondu in/out.
Le film implique de nombreux figurants, costumes, avec quatre scènes aux décors différents. Il fait partie de la minorité de muets en couleurs, étant colorisé à la main en post-production. Toutes les images ont subies le même traitement, ce qui rehausse l'intérêt du film par rapport à ses concurrents (et creuse la distance avec le démonstratif mais plombant Alice in Wonderland de 1903). Le Voyage dans la Lune lui-même était alors sorti en noir et blanc : sa version en couleurs date des années 1990. Le pochoir arrivera en 1904 et deviendra mécanisé en 1907-1908. Il sera d'abord utilisé par Pathé, un des premiers studios de cinéma produisant des divertissements en masse, bientôt concurrencé par Gaumont et les séries de Feuillade (Les Vampires, Fantômas, Judex).
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films d'aventure, Le Classement Intégral appliqué aux Courts (Zogarok), Les meilleurs films des années 1900 et Les meilleurs films de Georges Méliès
Créée
le 18 sept. 2016
Critique lue 471 fois
D'autres avis sur Le Voyage de Gulliver à Lilliput et chez les géants
Le film pionnier de l'incrustation, de l'écran divisé et de la perspective de studio. Y a-t-il une innovation qui ait échappé à Méliès ?!
Par
le 21 janv. 2017
Projeté la même année que Le Voyage dans la Lune (1902), Le Voyage de Gulliver est une des plus belles réussites de Georges Méliès. C'est la première adaptation du roman de l'irlandais Swift (écrit...
Par
le 18 sept. 2016
Du même critique
En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...
Par
le 13 nov. 2013
51 j'aime
20
C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...
Par
le 11 févr. 2015
48 j'aime
4
L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...
Par
le 8 déc. 2014
31 j'aime
2