Le Voyage de Gulliver à Lilliput et chez les géants par Zogarok

Projeté la même année que Le Voyage dans la Lune (1902), Le Voyage de Gulliver est une des plus belles réussites de Georges Méliès. C'est la première adaptation du roman de l'irlandais Swift (écrit en 1721), Gulliver's Travel, qui en connaîtra des dizaines parfois très ambitieuses par la suite, souvent sous forme de dessin animé (version russe de 1935, japonaise de 1965). Le voyage de Gulliver est présenté en quelques moments-clés, sur quatre étapes, pour un résultat limpide, agité et entraînant.


Méliès y utilise de nombreuses techniques avec soin et intelligence, en plus de faire exulter son bric-à-brac habituel. La rencontre des géants et des lilliputiens donne à Méliès l'opportunité de jouer avec les échelles de plans. Les surimpressions permettent de faire cohabiter les différentes créatures et les installer dans des contextes 'contre-nature', avec quelques défauts de stabilité dans le cas du repas de Gulliver. Méliès avait déjà eu recours à la surimpression en 1901 pour un cauchemar dans Barbe-Bleue et pour Un homme de têtes dès 1898 (incrustations des têtes sans corps). Plusieurs transitions prennent la forme de dissolutions (très rapides, toujours grâce à l'arrêt-caméra), moyen plus subtil (et 'chargé') que le fondu in/out.


Le film implique de nombreux figurants, costumes, avec quatre scènes aux décors différents. Il fait partie de la minorité de muets en couleurs, étant colorisé à la main en post-production. Toutes les images ont subies le même traitement, ce qui rehausse l'intérêt du film par rapport à ses concurrents (et creuse la distance avec le démonstratif mais plombant Alice in Wonderland de 1903). Le Voyage dans la Lune lui-même était alors sorti en noir et blanc : sa version en couleurs date des années 1990. Le pochoir arrivera en 1904 et deviendra mécanisé en 1907-1908. Il sera d'abord utilisé par Pathé, un des premiers studios de cinéma produisant des divertissements en masse, bientôt concurrencé par Gaumont et les séries de Feuillade (Les Vampires, Fantômas, Judex).


https://zogarok.wordpress.com/

Créée

le 18 sept. 2016

Critique lue 471 fois

Zogarok

Écrit par

Critique lue 471 fois

D'autres avis sur Le Voyage de Gulliver à Lilliput et chez les géants

Le Voyage de Gulliver à Lilliput et chez les géants
Zogarok
7

Critique de Le Voyage de Gulliver à Lilliput et chez les géants par Zogarok

Projeté la même année que Le Voyage dans la Lune (1902), Le Voyage de Gulliver est une des plus belles réussites de Georges Méliès. C'est la première adaptation du roman de l'irlandais Swift (écrit...

le 18 sept. 2016

Du même critique

La Haine
Zogarok
3

Les "bons" ploucs de banlieue

En 1995, Mathieu Kassovitz a ving-six ans, non pas seize. C'est pourtant à ce moment qu'il réalise La Haine. Il y montre la vie des banlieues, par le prisme de trois amis (un juif, un noir, un...

le 13 nov. 2013

51 j'aime

20

Kirikou et la Sorcière
Zogarok
10

Le pacificateur

C’est la métamorphose d’un nain intrépide, héros à contre-courant demandant au méchant de l’histoire pourquoi il s’obstine à camper cette position. Né par sa propre volonté et détenant déjà l’usage...

le 11 févr. 2015

48 j'aime

4

Les Visiteurs
Zogarok
9

Mysticisme folklo

L‘une des meilleures comédies françaises de tous les temps. Pas la plus légère, mais efficace et imaginative. Les Visiteurs a rassemblé près de 14 millions de spectateurs en salles en 1993,...

le 8 déc. 2014

31 j'aime

2