S’il faut attendre une demi-heure pour que se mette en place la cavale réunissant le trio d’adolescents et le couple de vieillards en fuite, demi-heure on ne peut plus futile qui imprègne le récit d’une misogynie par la suite déclinée, il faut bien reconnaître que l’interaction entre ces personnages hauts en couleurs, que campent des acteurs généreux, mérite le coup d’œil. L’intelligence du téléfilm repose sur le choix de deux générations considérées comme puériles, la première en raison de son jeune âge, la seconde en raison de son grand âge : on condamne les gamins à s’engluer dans une routine qui atrophie leur énergie, on enferme les vieux dans des maisons de retraite pour ne plus les voir et obtenir l’héritage. Nul hasard si la génération médiane, celle des parents en somme, est absente ou plutôt cantonnée au second plan : de bourrelle, elle passe à victime de ces chenapans bourlingueurs qui font les quatre cents coups et rattrapent le temps perdu avant une clausule bien connue – le monde des adultes, la disparition…
Une vitalité certaine se dégage du périple entrepris, fort d’évolutions dans les relations plutôt inattendues, quoiqu’elles s’avèrent traitées avec lourdeur. Le couple formé par Micheline Presle et Claude Piéplu émeut et amuse, reste en mémoire après visionnage pour sa sincérité ; nous retrouvons également un Guillaume Canet débutant et déjà talentueux. Doté d’un thème musical mémorable, Le Voyage de Pénélope est une curiosité qui nous donne l’envie de faire des bêtises pour, à notre tour, profiter de la vie aux marges de la légalité.