Sujet fort bien que traité des milliers de fois au cinéma. Comment un individu réagit lorsqu'il se trouve face à la réalité inhumaine, violente, destructrice de la guerre. Comment la guerre broie toute individualité. Sujet fort et jamais assez traité.
Seulement là le problème c'est justement le traitement. La mise en scène oscille entre candeur, naïveté et lourdeur hallucinante. Le réalisateur a choisi de nous montrer la guerre et ses atrocités à travers le viseur d'un tank. C'est la version « embed » / caméra à l'épaule du début de la guerre du Liban en 82.
L'effet recherché devait sans doute de vouloir donner une « réalité » aux images, un aspect documentaire. Et il est vrai que la photo est « splendide ». Les « conséquences » des combats sur les hommes ont rarement été montrées aussi crument. De même, l'atmosphère à l'intérieur du tank suinte littéralement à travers l'image et sur les personnages.
Cependant, le résultat est un échec dans la démonstration recherchée. Très vite le ton est donné. Dès la première scène de combat. Je crois que même dans une super-prod de la côte Ouest des Etats-Unis d'Amériques on ne ferait plus une scène aussi naïve. Et pourtant, c'est leur « Trademark » ! Illustration : Des « terroristes » font faces. Le soldat hésite, pris par sa conscience, il ne tire pas. Les « terroristes » sont finalement abattus par d'autres soldats mais un des frères d'armes y laisse la vie. Nouveaux tourments pour le soldat qui culpabilise. Mais vite pas trop longtemps car tout de suite un autre « terroriste » arrive. Il fait des signes, agite un drapeau blanc, le soldat tire en fermant les yeux à contrecœur. C'était un civil innocent. Le chef du soldat abat le civil agonisant qui lançait des cris de paix. Le chef lance un regard noir au soldat...
Le reste est à l'avenant. La caméra/viseur « virevolte » avec une légèreté ahurissante puis le plan d'après on rajoute un bruitage de tourelle en mouvement pour « faire vrai » puis on l'enlève ensuite puis on le remet. Puis on zoome. Puis on dézoome. Puis on rezoome au millimètre quand on veut bien faire passer un message genre « c'est vraiment mal la guerre ». Puis on rajoute un effet « after effects » vision nocturne. Puis non. Puis le tank passe dans des trous de souris puis l'instant d'après il est bloqué car pour la dramatisation de la scène c'est mieux puis... puis... Je passe aussi sur les regards caméra appuyés pardon les regards « viseur du tank » des compagnons ou civils croisés dignes d'une scène « ralenti hollywoodien sur les héros partant en mission suicide vers un astéroïde pour sauver la Terre ». Un calvaire...
Il fallait faire un choix. Documentaire ou fiction « onirique ». Montrer crument la guerre et filmer des situations paroxystiques ne font pas un film « coup de poing » et dénonciateur. L'antithèse parfaite est « Valse avec Bachir ». Un dessin animé...