Legend, pour Tom Hardy

Legend est le cinquième film du réalisateur américain Brian Helgeland, plus connu par ses scénarii, comme L.A Confidential (1997), Mystic River (2003), Man on Fire (2004) ou encore Green Zone (2010). Quelqu’un a dit Daredevil ?

L’intrigue de Legend mêle deux genres qui vont très (trop?) souvent de paire : le film criminel (ici le film de gangster) et l’intrigue amoureuse avec la jeune femme qui tente d’extirper son petit-ami du milieu criminel, mais ce-dernier y retourne inévitablement malgré son amour pour la jeune femme. Premier bémol du film, c’est une déception sur l’intrigue. De la part d’un scénariste aussi accompli que Brian Helgeland, nous pourrions attendre une attention particulière à la qualité du récit de son film. Mais il n’en est rien. Legend est malheureusement prévisible de bout en bout. Comme dit un peu plus haut, la femme de Reggie va tenter de sauver son mari du monde des gangsters, mais Reggie n’y parvient pas et déçoit sa femme qui menace de le quitter par le suite, quand les frères Kray invitent un homme à prendre un verre, c’est pour lui refaire le portrait façon Picasso. Le synopsis nous vend un film dramatique sur la chute d’un empire de gangsters à Londres à cause d’une jeune femme. Seulement, pour que le spectateur croit à ce règne « en maîtres » de la part des frères, il faut que les employés des Kray, eux aussi, imposent du respect, de la peur, qu’ils aient du charisme. Et bien non. Les seconds rôles du film sont comme des figurants, sans importance majeure. La scène de bagarre dans le bar au début du film entre les frères Kray et les membres d’une famille rivale le démontre très bien. Ils n’ont pas besoin d’eux, sauf que le film souffre de personnages marquants par la suite. Les frères mentent à plusieurs reprises en disant qu’ils ne sont pas des gangsters mais des gérants de clubs. A la longue le spectateur finit par les croire, ils ont de moins en moins l’étoffe de gangsters, posant alors la question : comment ont-ils fait pour arriver au sommet ? Même la très bonne interprétation des jumaux Kray par Tom Hardy, qui n’a plus rien à prouver sur ses capacités, ne sauve pas Legend. Dommage.

La photo n’a rien d’extraordinaire, somme toute classique mais efficace. On apprécie la présence d’un plan séquence, très proche de Les Affranchis de Martin Scorsese, même si cela n’est pas justifié par la situation de la scène. Nous pouvons aussi retenir quelques plans de nuit de Londres vers la fin du film. Mais malheureusement, la photographie semble ne pas vouloir offrir plus de plans, de moments où Tom Hardy et Tom Hardy sont présents sur le même plan, sonnant auprès du spectateur comme un « les effets spéciaux ça coûte cher, les mecs ! », autre déception, sûrement la plus grande. Un des frères rejoint l’autre dans le cadre, dix secondes plus tard, il est déjà reparti. C’est pourtant sur cela que le film se vend auprès du spectateur. Mais on se rend vite compte que la bande-annonce montre quasiment tous les plans des jumeaux Kray ensemble à l’écran…

Finalement, faut-il aller le voir ? Ce n’est pas un chef d’œuvre, le spectateur l’aura oublié d’ici quelques semaines et il ne vivra pas sur l’étagère. Il souffre de plusieurs lacunes, mais l’histoire, bien que prévisible, reste agréable à suivre. Les plans avec les jumeaux ensemble sont courts mais efficaces. Le principal argument est le jeu de Tom Hardy.