The Offering présente l’intérêt d’inscrire son récit de possession dans le judaïsme, confession rarement investie par le cinéma horrifique sinon par le récent et surestimé The Vigil (Keith Thomas (II), 2018) : l’imagerie chrétienne conventionnelle s’estompe au profit des prières et incantations en hébreu, de pratiques cultuelles liées à une culture singulière dans laquelle s’inscrit un conflit familial traité métaphoriquement par démon interposé. Le drame véritable est moins celui des tourments endurés par une femme enceinte que celui d’une famille endolori par les difficultés que rencontrent un père et son fils à communiquer et à communier dans des valeurs communes qui ne soient pas uniquement religieuses – puisque le fils semble écarté de la foi.

Art apparaît d’abord tel le fils prodigue revenu chez lui pour se réconcilier ; il ne tarde pas à dévoiler un visage plus contrasté, fait de zones d’ombre que forment ses erreurs, ses mensonges et son impuissance à réussir professionnellement ainsi éloigné de sa communauté d’appartenance. Le démon Abyzou, ravisseur d’enfants parce que lui-même stérile, commence d’ailleurs à persécuter Claire au moment où s’énumèrent les mystifications et les coups de téléphone reçus en cachette, isolant Art des siens de la même façon que le vieil érudit qui, endeuillé par la disparition de son épouse, s’était tourné vers l’ésotérisme. Nul hasard si notre personnage, après avoir brisé par mégarde l’amulette contenant l’esprit néfaste, la cache sous une grille d’évacuation sans en avertir qui que ce soit. Il décide mal parce qu’il décide seul.

The Offering capte très bien, pendant ses quarante-cinq premières minutes, la perpétuation du Mal causée par le silence, l’isolement et la duplicité au sein d’un foyer qui exige, au contraire, la parole, le partage et l’honnêteté. La suite tombe malheureusement dans les clichés du genre sans essayer de les réinventer : l’horreur rend prévisible un récit que l’on aurait aimé plus ambitieux dans la résolution de son intrigue. Reste la partition musicale de Christopher Young, magistrale comme toujours.

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le 1 nov. 2023

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