Bien saignant le sex-toy, s'il vous plait.

Ôtez à Leolo sa voix-off pompeuse, son côté trash faussement provocateur ainsi que sa lourdeur poétique pour en garder l'essentiel, la touchante histoire d'un gamin né au mauvais endroit. Le film de Jean-Claude Lauzon n'est pas dénué d'intérêt, loin de là, il est porté par une mise en scène qui sait se faire inventive et dont les cadres sont souvent très soignés, mais il est gangrené par une tendance à vouloir trop en faire qui finit par être lassante. Sa voix off sur explicative en est certainement l'exemple le plus flagrant. Grasse, inutile puisqu'elle se contente d'appuyer ce qui se passe à l'image, elle semble être là uniquement pour cautionner le film d’une plus-value littéraire dont les pseudo alexandrins laborieux lui donnent un côté forcé très agaçant.

Leolo a pour lui un vrai point de vue, une singularité évidente, ainsi que quelques séquences qui marquent par leur crudité. Les plus belles étant certainement la pendaison criminelle du grand père par son petit fils, ou encore la belle plongée en apnée au coeur d'un cimetière ménager glauque mais hypnotique. Jean-Claude Lauzon parvient à générer des ambiances pittoresques qui prennent aux tripes. Mais à côté de cela, et ce, malgré des personnages touchants, comme celui du frangin culturiste hypersensible, il se perd dans un misérabilisme gratuit qu’il tente de rendre subtile en l'associant à un imaginaire fertile, propice à toutes les excentricités.

Sa conclusion en est le reflet le plus total. Cette ultime séquence affreusement pompeuse, poétique dans son initiation (Leolo ne parvient plus à trouver cet amour qui peuple ses songes, y compris lorsqu'il s'évade dans ses rêves) mais grossière et gratuite lorsqu'elle reprend pied dans le réel. Elle résume à elle seule le paradoxe du film de Jean-Claude Lauzon. S’il parvient à remporter l'adhésion par la force de ses images et de l'imaginaire qui les dépeint, il joue, dans le même temps, la carte d’un misérabilisme social trash sans la nuance, ou le détachement nécessaire, pour que l'on parvienne à y croire un minimum.

Dès lors, difficile de s’investir totalement dans cette histoire trop lointaine, trop forcée, en dépit des quelques sourires qu'elle parvient parfois à provoquer. Affaire de sensibilité certainement.
oso
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le 26 juil. 2014

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