Découvert lors d'une soirée hommage au réalisateur et producteur israélien Menahem Golan, Lepke le caïd appartient à une époque méconnue, celle datant d'avant le rachat de la paire Golan/Globus de la (sacrosainte) Cannon (en 1979). Le film comme peut le laisser présumer son affiche et sa date de sortie se situe dans le sillage du Parrain de Coppola (on y reviendra). En bon artisan du film de genre, Golan suit désormais à cette époque la mode du film de gangsters avec cette biographie d'un des plus célèbres mafieux de New-York de l'entre deux guerres (et le seul à être mort sur la chaise électrique). Cette modeste série B est également le premier long-métrage à lui ouvrir les (grandes) portes du marché international en passant par Hollywood. Si par le passé le futur réalisateur de L'implacable ninja avait déjà tâté de l'international en ouvrant ses castings à plusieurs acteurs européens (George Sanders dans La malle du Caire, Norman Wisdom dans What's Good for the Goose, ou Pierre Brasseur dans La fille de la mer morte), Lepke vise un marché bien plus large avec en haut de l'affiche une (ex-)star d'Hollywood et une coproduction étasunienne à la clef.

Louis Buchalter dit "Lepke" fut l'une des grandes figures du crime organisé des années 20 et 30. Golan de manière classique détaille les grandes étapes de la vie du chef mafieux appartenant à la Yiddish Connection, de son adolescence en préambule et ses premiers séjours carcéraux, de ses débuts dans la mafia à sa prospérité au sein du Syndicat du crime, puis finalement à sa chute et son exécution à la prison de Sing Sing. Le récit s'attache également en parallèle à la vie personnelle du truand incarné par Tony Curtis et en particulier à son idylle avec son grand amour Bernice Meyer (Anjanette Comer).

Biographie romancée, gommant au maximum les aspérités les moins présentables du truand, Golan livre un portrait proche de l'hagiographie. Décrit à grands traits comme un caïd amoureux (?!), le scénario n'hésite pas à tirer sur la corde sensible quitte à vouloir faire passer le personnage principal pour une victime des circonstances, homme trahi par ses pairs et traqué par la justice américaine. Ce traitement n'a rien de surprenant de la part de Golan et ne déroge finalement pas au classique cahier des charges de ce genre de production. Le héros doit rester en dépit de ses défauts (rédhibitoires) suffisamment « propre » pour susciter l'empathie du spectateur lambda. Pour les autres, les scènes de violence sauront satisfaire ces égarements.

Tony Curtis interprète ainsi un Lepke plutôt convaincant, loin du cabotinage qu'on pouvait craindre ; en accord avec les souhaits de son réalisateur, lui offrant dès lors l'un de ses rares rôles dramatiques. Seul bémol, si l'âge de l'acteur (alors presque âgé de cinquante ans) concorde avec celui de son personnage lors de sa chute, lui faire jouer un jeune homme de vingt ans apparaît vite plus délicat... Composé de plusieurs seconds couteaux dont Gianni Russo (Carlo ou le beau-fils de Vito Corleone dans Le Parrain) et autres habitués des séries TV (Vic Tayback, Michael Callan, Warren Berlinger, Milton Berle), Lepke le caïd de Golan et en dépit de ses nombreuses limites remplit finalement son caractère premier, celui de divertir.

En attendant si on en croit les milieux informés la nouvelle réalisation du maître israélien prévue pour 2013 : Allan Quatermain and the Jewel of the East, ou l'une des anciennes marottes / franchises chéries de la Cannon des 80's.
Claire-Magenta
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le 30 janv. 2013

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