Déjà demain

L’originalité des 2 Alfred réside dans cette ligne de démarcation entre notre réel et une réalité alternative, peut-être futuriste, que le film ne franchit jamais, dans cette lutte douce engagée par les personnages contre une révolution numérique qu’ils peinent à comprendre mais à laquelle ils sont conscients d’appartenir malgré tout. L’idée principale est alors celle du maintien, coûte que coûte, du lien humain dans une société qui procède par la disparition d’une langue au profit d’une autre – très mal parlée au demeurant –, par le refus de toute vie privée et par l’interdiction des enfants perçus comme un danger pour la compétitivité d’une start-up, et abordée d’abord par le biais de la paternité là où la maternité aurait été davantage attendue. La légèreté du récit s’oppose ainsi aux chutes massives des drones qui, déchargés, s’écrasent sur le sol, occasionnant tout à la fois une gêne qu’il faut enjamber et un nouveau business ; le scénario cultive le pastiche, détourne nombre de licences aux titres bien connus pour constituer une caisse de résonnance de notre contemporanéité. La mise en scène, simple mais précise, retranscrit parfaitement l’absurdité des situations, et donc le point de vue du binôme bientôt trinôme qu’incarnent des comédiens talentueux. Une réussite.