Les Huit Salopards, un vrai film d'épouvante

Les Huit Salopards est le huitième film de Quentin Tarantino. On a beau connaitre le bonhomme depuis plus de vingt ans, il ne cesse pas de nous étonner. Ce film me prouve définitivement que ce mec n’est pas tout seul dans sa tête, mais c’est jouissif. On peut avoir toutes sortes de réactions devant son film, toutes sauf une, l’ennui, malgré les presque 3h, et ça c’est très fort. Alors c'est vendu comme un Western mais il ne s'agit pas de ça, c'est de l'épouvante façon Shining, la neige sans doute !


Petit topo, il y a plusieurs personnages comme le titre du film l’indique mais le fil rouge, c’est que le chasseur de primes John Ruth, aka le bourreau doit amener Daisy Domergue à Red Rock pour qu’elle y soit pendue jusqu’à ce que mort s’en suive. Le mec est surnommé le bourreau parce qu’il a tendance à prendre ses cibles vivantes même lorsque l’avis de recherche précise mort ou vif et ça, c’est à signaler.


Bien entendu, on ne verra jamais Red Rock dans ce film, c’est un prétexte. Malheureusement pour tous nos personnages, il y a un petit blizzard dans le Wyoming qui va tous les empêcher d’atteindre la terre promise. Ils vont tous se retrouver dans une taverne pour se mettre à l’abri du froid et c’est là que ça va partir en sucettes, comme prévu chez Tarantino.


Même si on est prévenu, c’est encore plus criant ici. Il suffit d’écouter la BO du maestro Morricone pour s’en persuader. Elle est clairement flippante, cette musique d’ouverture avec ses chromatismes descendants et ce gros plan sur un Jésus accroché à son crucifix enneigé, qui laisse défiler le générique du film, on déjà sent que les personnages vont souffrir !


Alors oui, comme d’habitude chez QT, ce film est violent, mais là, il est allé beaucoup plus loin qu’avant. Je dirais que ce film est d’une violence inouïe, pas seulement pour ce que l’on voit mais aussi pour ce que l’on entend. Que ce soit des débats politiques sur les Etats-Unis d’après la Guerre de sécession, ou de l’usage immodéré du mot Nigger, rien ne nous est épargné.


Mais au moins dans ce film, chaque balle tirée est justifiée par une logorrhée introductive. Vous savez, c’est comme en maths lorsque vous devez longuement justifier avant de donner la réponse, ici, c’est pareil, le personnage se justifie avant de tirer et le plus fort à ce jeu est définitivement Samuel L Jackson alias le comandant Warren. Il a de loin les plus belles répliques. Ce qui est cool quand on ne tire pas tout de suite, c’est que la tension a le temps de s’installer. Comme en amour, les préliminaires, c’est important. Et là pour ce qui est de la tension, elle est omniprésente mais c’est d’autant plus jouissif lorsqu’elle est enfin libérée. Tout le film est construit comme cela, c’est comme si on avait pris la mythique scène de la taverne dans Inglorious Basterd et qu’on l’avait étiré sur 3h.


Tarantino fait référence à beaucoup de films dans cette œuvre, malheureusement ma culture cinématographique n’est pas assez étendue pour identifier lesquelles mais j’ai lu qu’il y avait une certaine parenté avec The Thing de Carpenter (il y a déjà Kurt Russel en commun !)


Heureusement, ll fait aussi référence à sa propre filmographie comme par exemple en réutilisant la même police de caractère que celle de Pulp Fiction pour le générique de début, ou encore faire fumer à ses personnages des Red Apple, également comme dans Pulp Fiction, ou bien réutiliser des répliques similaires mais dans d’autres langues.


Ce film est bavard mais il n’a aucune longueur. Il laisse le soin à chacun des personnages de s’installer, de s’affirmer, ainsi, même ceux que l’on pensait anecdotiques ont le temps d’exister, comme par exemple le général sudiste ou encore le conducteur de diligence OB.


Tous les comédiens sont excellents, je retiendrai pour ma part la performance de Tim Roth qui semble faire du Cristoph Waltz, je retiens également l’incroyable voix de Michael Madsen, le charisme de Kurt Russel (Ruth), le potentiel comique de Walton Goggins (Mannix), la classe de Samuel L Jackson.


Enfin, pour conclure, il faut saluer la photographie magnifique de ce film, j’en ai vu une version numérique (pas la chance de le voir en péllicule 70mm, zut !) mais c’était déjà beau. Ces paysages enneigés étaient sensationnels, une vraie expérience de cinéma qui fait voyager. Un excellent cru que ce huitième film de Tarantino, j’en redemande !

Andika
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le 7 janv. 2016

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