Peckinpah Hardcore
Le film va diviser... Encore plus que d'habitude pour du Tarantino, mais sur le plan moral essentiellement, là où les précédents Tarantino décevaient également sur la forme, avec des films...
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le 25 déc. 2015
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J'avoue n'avoir jamais été un grand fan de Tarantino, mais j'ai rarement été déçu par sa filmographie. Globalement, il y avait toujours une certaine maîtrise dans la réalisation pour permettre au moins à ses films de tenir la route voire même d'être plutôt sympathiques. Malgré quelques lourdeurs, les dialogues ont toujours eu un certain cachet, il y avait généralement une ambiance et des personnages intéressants. Du coup, et malgré une bande-annonce peu emballante, l'idée d'un western à huis-clos entre 8 crapules et réalisé par Tarantino ça ne pouvait qu'éveiller mon intérêt.
Les premiers doutes se sont emparés de moi quand j'ai appris que le film durait presque trois heures. Trois heures, surtout pour un film de ce genre, ça nécessite une vraie maîtrise de l'histoire et de la tension afin de permettre au spectateur de rester accroché. Mais après tout, ça permettrait sûrement de développer chaque personnage, de développer leurs motivations, et ça permettrait surtout de bien présenter ce qu'ils viennent tous faire dans cette histoire. Trois heures avec huit personnages haut en couleur, lorgnant sur le même butin ou sur un quelconque élément scénaristique efficace, ça permettrait de faire progressivement monter la tension, de multiplier les mystères et les coups bas. Malheureusement on est loin du compte...
Dès le départ on sent qu'il y a un problème. Les premiers personnages se rencontrent dans des dialogues peu captivants, ou en tout cas, assez inégaux. On se prend rapidement à décrocher ici et là malgré les tentatives des acteurs qui font tout ce qu'ils peuvent pour convaincre. Heureusement d'ailleurs que Kurt Russell et Samuel L. Jackson sont présents pour porter ces scènes, leurs efforts ont probablement sauvé ce petit tour en calèche du naufrage. Walton Goggins n'aura malheureusement pas ce mérite, mais je ne lui en veux pas.
Arrivé à destination, on ne peut qu'espérer que l'introduction ne représente pas le film, et que l'histoire, la vraie, va enfin pouvoir prendre son envol. C'est ainsi qu'on rencontre enfin/déjà la deuxième partie du casting cloîtré dans une petite auberge. Le film doit durer encore un long moment, Tarantino a encore le temps de pouvoir exploiter la spécificité de chacun de ses personnages, de leur donner un background et de nous intéresser à eux. Malheureusement ce n'est pas la direction envisagée par le scénario...
En fait, c'est ici que j'arrive à un moment un peu difficile dans ma critique. Comme je l'ai dit, le film doit encore durer un long moment (l'introduction a pourtant semblé interminable), mais je réalise à présent à quel point le film s'est embourbé dans un vide assez effrayant. La faute à des dialogues peu captivants et peu de rebondissements. On a simplement droit, en gros, à quelques sketchs sur cette satanée porte cassée, sur Michael Madsen qui va voir sa mère pour noël, sur une lettre, ou un pauvre ragoût. On a droit à un Michael Madsen qui tente de prouver que oui, il aurait pu jouer Batman à la place de Christian Bale et à un Tim Roth qui tente avec acharnement de compenser l'absence de Christopher Waltz au casting (c'est à la fois impressionnant et assez gênant en fait).
Tarantino tente alors de redresser la barre et se dit qu'après tout, la meilleure façon de faire avancer son film c'est de nous parler longuement de la quequette noire (oui c'est important de le préciser, derrière ce penis se cache tout un débat sur la rupture nord-sud des États Unis) de Samuel L. Jackson. On notera d'ailleurs qu'on lui confère le pouvoir de faire surgir des flashback dégueulasses et qui cassent la cohérence du film. Mais nous n'en somme pas au bout de nos peines. Blablabla "Niger" blablabla "My big black cock" blablabla "Niger son of a bitch" blablabla "haha my big black Johnson". Le premier mort arrive, du pur génie à en croire les rires qui se propagent dans la salle.
Qui est-il, d'où vient-il ? On s'en fout un peu en fait, même si c'est paradoxalement l'un des personnages les plus développés il est l'un des plus dispensables... A partir de là, le film décide de prendre quelques tournants, une voix off dégueulasse et inutile apparaît de nul part pour nous expliquer un événement qui s'est effectué hors champ. Pourquoi ne pas avoir gardé le mystère ou montré ça discrètement vu que la conséquence s'en suit presque immédiatement et ne nécessite aucune explication ? Aucune idée, mais on sait a présent que Tarantino s'est un peu perdu dans son affaire. Entre la musique fade, qui ne colle pas du tout au film (il a probablement voulu briser les codes comme dans Django mais ici c'est un échec cuisant), une structure incohérente avec des flash back et des narrateurs inopportuns et une histoire qui oscille sans réussite entre "sérieux" et bouffonnerie (blague quequette, blague vomi, blague testicules,...) on a du mal à cerner ce qu'il a voulu faire. On passera sur la fin interminable, rallongée par un nouveau flash back tout aussi inutile mais surtout redondant vu qu'il vient mettre en image, longuement (c'est un chapitre entier du film), ce que l'on vient d'expliquer un instant auparavant. On passera aussi sur le personnage féminin, punching ball ambulant, qui fait simplement office de runing gag et qui, comme la plupart des autres personnages, ne sera jamais développé.
Le dernier gag, semblant lui aussi interminable, pointe son nez et le temps de se dire qu'avec 1h de moins on aurait pu éviter certaines longueurs et un si grand fiasco, le générique de fin se met à défiler. Les lumières s'allument me permettant de voir les réactions de mes voisins mais nous ne pouvons qu'échanger quelques soupirs et quelques regards embarrassés...
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Créée
le 12 janv. 2016
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