Cet article comporte de nombreux spoilers, ne lisez pas si vous n'avez pas vu le film.


Quentin Tarantino est indéniablement l'un des meilleurs réalisateurs et scénaristes de sa génération, cela ne fait aucun doute. Même si j'ai une préférence pour ses premiers films, tels que Reservoir Dogs et Pulp Fiction, j'ai quand même réussi à suivre son évolution jusque des films comme Inglorious Basterds, Django et récemment, the Hateful Eight.


Je suis ressortie de la salle assez perplexe. La lenteur étant une des caractéristiques principales, et parfois nécessaire, des films de Tarantino, on regarde sans broncher les chapitres se succéder, se demandant ce qui va arriver par la suite et surtout, quand interviendra le bain de sang final, dont on sait déjà qu'il va se produire (I mean, c'est Tarantino quoi). On attend, encore, encore. Dialogues sympatoches et cocasses, quelques instants de lucidité avec des moments philosophiques et la minute historique sur la Guerre de Sécession, les personnages sont présentés uns à uns, et la lenteur se fait ressentir de plus en plus.


Le film pourrait aisément commencer à partir de la première heure et demie, tant les évènements précédents sont ennuyeux. On est confrontés, certains diront une fois de plus, à une mise en scène absolument arbitraire de Tarantino qui choisit d'abord un contexte historique, puis des personnages, puis un endroit où il va pouvoir tous les buter tranquillement et faire gicler son sang habituel, vous savez, ça le fait tant rigoler. Donc cet endroit il l'a trouvé, super, une grange paumée. Mais pas si vite, il faut d'abord un petit contexte, on va pas les buter comme ça, sans raison — encore que, avec lui ça pourrait arriver mais — il s'agit d'un film et il faut une histoire, alors autant en créer une, vite fait. L'histoire en question n'est franchement pas si intéressante mais bon, comme je le disais précédemment, on peut pas juste buter les gens au début, sinon ça va sortir de la salle vitesse grand V.


L'histoire trouvée reste quand même ingénieuse, mais ça ne suffit pas, à mon avis, à être qualifié de bon scénario, au sens d'un scénario qui possède du contenu et qui est solide, assez pour donner envie de regarder une seconde fois. Il s'agit pour moi d'un scénario trop léger, pas assez de twists, élément déclencheur inexistant (?), histoire qui pourrait aisément être racontée par un vieillard, bref, disons que ça aurait pu ÊTRE MIEUX. Le casting est cependant très bien réussi — pour le coup c'est pas vraiment le point faible de Tarantino, les castings — avec une superbe performance du très underrated Walton Goggins, qui jouait déjà le méchant dans pas mal de films de série B et autres séries, qui selon moi a livré une très belle performance, tout comme Jennifer Jason Leigh, encore que Taryn Manning aurait pu faire l'affaire aussi, mais bon. Samuel L. Jackson se ridiculise complètement en papy noir racontant sa petite fellation, c'est très le malaise mais si c'était censé faire rire, mes voisins de siège n'ont pas dû capter.


Ce film ne changera pas mon opinion sur Tarantino, que j'apprécierai toujours, un réalisateur selon moi révolutionnaire et original. Mais avec les 8 Salopards, il a transformé cette originalité en routine vaseuse, boucheries sur fond de vengeance orchestrée par lui comme seul et unique prétexte. Ok y'a encore les petites cigarettes Red Apple, ok ok, on sait c'est TA marque fictive, mais wallah le disque commence à se rayer un peu. Ça commence à devenir répétitif, certains accrocheront mais moi, je dois dire que j'attendais un peu de nouveauté.


Bref, un film correct sur la forme mais pas assez sur le fond, selon moi, et j'espère retrouver Tarantino dans un reflux d'originalité qui me fasse bondir de mon siège en criant "WAH PUTAIN LE BATARD!", de la même manière que lorsque j'ai regardé Pulp Fiction et Django Unchained, pour la première fois.

alexandraerika
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le 20 janv. 2016

Critique lue 321 fois

alexandraerika

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