En très grand fan de Tarantino, je suis l'actualité des Huit Salopards depuis longtemps. Et quelle actualité ! "The Hateful Eight fuité, The Hateful Eight annulé, mais The Hateful Eight libéré !", aurait pu s'exclamer notre ancien président Charles de Gaulle. Si vous avez lu ma présentation, vous devez avoir remarqué que les films de Quentin Tarantino m'ont particulièrement marqué. Aussi, c'est avec un grand empressement et une grande excitation que je me suis dirigé vers la salle de cinéma(en numérique, pas en 70mm malheureusement) pour aller voir sa dernière oeuvre. Mais de quoi ça parle au fait ?


Un hiver glacial quelques années après la fin de la guerre de Sécession, une auberge, une tempête de neige qui force huit salopards à rester cloîtrés ensemble pour plusieurs jours. John Ruth dit "le Bourreau" (Kurt Russel) , doit emmener Daisy Domergue dite "la Prisonière" (Jennifer Jason Leigh) se faire pendre à Red Rock. Avant d'arriver à l'auberge, il croise l'ancien soldat yankee Major Marquis Warren dit "le Chasseur de prime" (Samuel L. Jackson), et le futur shérif de Red Rock Chris Mannix dit "le Shérif" (Walton Goggins). Dans l'auberge, ils trouveront quatre personnages mystérieux : Bob dit "le Mexicain" (Demián Bichir), Oswaldo Maubray dit "le Court-sur-pattes" (Tim Roth), le Général Sanford Smithers dit "le Confédéré" (Bruce Dern) et Joe Gage dit "le Cowboy" (Michael Madsen). L'intrigue est placée, place au jeu !


Le film se déroule comme une murder party (un Cluedo grandeur nature) : les personnages se dévoilent progressivement et, comme dans tout bon Tarantino, personne ne fait confiance à personne. Mettons fin au suspense, Les Huit Salopards est une grande réussite ! Imaginez Reservoir Dogs à l'époque de Django Unchained, ajoutez-y un peu du délire de Pulp Fiction, retirez le sérieux d'Inglorious Basterds et la vengeance de Kill Bill, et vous obtiendrez... Les Huit Salopards ! L'ambiance, la photographie et le scénario sont à couper le souffle et les personnages se complètent de la plus belle des manières. Ce huis clos est extrêmement bien géré, les variations de rythmes tiennent le spectateur en haleine et sont saisissantes entre contemplation, action et dialogues.


Quentin Tarantino nous montre une fois de plus qu'il est un génie du dialogue. Impossible de voir le temps passer tant on est suspendu à la bouche des personnages qui débitent des tirades qui durent pourtant parfois plusieurs minutes. Les acteurs y sont aussi pour quelque chose : aussi bons que soient les dialogues, impossible de faire tenir le spectateur en haleine sans un jeu d'acteur hors du commun ! Si on retiendra en particulier la performance de Samuel L. Jackson dans ce domaine, on peut saluer celle de tous les autres. Chaque acteur a été exceptionnel dans son rôle, et je pèse mes mots. Seule Jennifer Jason Leigh a été nominée aux Oscars pour le film (qui a été quelque peu snobé par le métier, ce dont on reparlera plus tard), mais tous ont rendu une performance remarquable.


On reconnaît la patte de Quentin Tarantino dans les dialogues, dans le scénario déjanté et si bien ficelé, mais aussi évidemment dans la réalisation si caractéristique des habitués du réalisateur. "QT" utilise ses recettes habituelles (huis clos, longues tirades...), mais sait se renouveler avec une ambiance et des scènes magistrales, notamment celle d'une tension inouïe où tous les salopards mangent autour d'une table. Dans ce nouveau film du réalisateur, un point retient particulièrement l'attention... la musique !


Tarantino l'avait annoncé, si un jour il confiait sa bande originale à quelqu'un, cela serait à Ennio Morricone, le légendaire compositeur dont il est un fan absolu. L'Italien redécouvre alors le genre western, qu'il avait quitté depuis 1981 et On m'appelle Malabar. La musique s'intègre parfaitement dans le film et donne des frissons au spectateur, avec un thème superbe, dans la lignée de ceux des films de Sergio Leone, qui donne encore des frissons à votre rédacteur qui l'écoute en écrivant ces lignes. Réécouter la bande-originale replonge tellement dans le film que l'on a qu'une envie : le revoir ! La collaboration Tarantino-Morricone est un franc succès, déjà récompensée par un Golden Globe et nominée aux Oscars.


Et c'est bien la seule récompense majeure que le film pourrait avoir. Le film a reçu un accueil mitigé par la profession. Certaines critiques ont trouvé que le film était trop bavard, ou encore que Quentin Tarantino surexploitait ses recettes habituelles. Si vous avez lu ma critique jusqu'ici, vous savez que je réfute ces deux points ! Le film est très réussi, mais n'est pas pourtant un sans faute, une scène trash-gore, et plus généralement la surenchère de violence dans la deuxième partie du film m'ont un peu fait sortir du film, c'était un poil trop ! Mais je suis sûr que mon collègue Mr. T s'est régalé ! Une petite anecdote pour terminer cette critique : dans la salle de cinéma, mes voisins se sont plaint que le film n'était "pas du tout comme Django". Quentin Tarantino est en effet revenu à ses basiques après Django, un film à la structure blocbkuster (tout en restant tarantinesque), et ceux qui l'ont découvert tardivement ne se sont peut-être pas reconnu dans Les Huit Salopards.


Les Huit Salopards est un film de Tarantino, avec une bande originale composée par Ennio Morricone : comment, cela ne vous suffit pas pour aller le voir ?! Au-delà du name-dropping, le (très) long métrage est un succès : un scénario au sommet, une superbe photographie, une réalisation travaillée à souhait, des acteurs exceptionnels, une bande originale à couper le souffle. Que demande le peuple ?

AgenceTouriste
9
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le 22 janv. 2016

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