Peckinpah Hardcore
Le film va diviser... Encore plus que d'habitude pour du Tarantino, mais sur le plan moral essentiellement, là où les précédents Tarantino décevaient également sur la forme, avec des films...
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le 25 déc. 2015
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Comme le signalait à juste titre une de mes éclaireuses, les 8 Salopards est un film éminemment couillu.
Couillu et bavard par dessus le marché. Incroyablement bavard. Mais dans le bon sens du terme.
En un mot, tarantinesque !
Un pétage de plombs des familles en guise de feu d'artifices pour le réalisateur américain.
Avec ce film à la mise en scène parfaitement maitrisée, Tarantino (qui n'avait de toute façon plus rien à prouver en la matière) nous livre un divertissement comme il en a le secret, riche en personnages et en hémoglobine. Mais un divertissement doublé d'une réflexion à multiples points de vue sur le cinéma. Et c'est ce dernier aspect qui m'a paru le plus intéressant.
Lorsque Warren ( Samuel Jackson) raconte au vieux général sudiste les derniers outrages qu'il a fait subir à son fils, le vieux se fait un film avec les paroles qu'il entend. Nous sommes, nous spectateurs, enclins à ne pas prendre comme argent comptant la version grand-guignolesque de Warren mais le vieux, lui, marche à fond. Et dégaine ! Ce qui lui sera fatal. Le pouvoir des mots ! Un grand classique chez Tarantino le raconteur d'histoires.
De même, le cinéaste joue avec finesse sur le champ et le hors-champ.
Le décor (champ spatial) tient en un seul espace. Une auberge fermée sur elle-même - à coups de marteau. Un huis clos où tout se joue sur les planches comme sur une scène de théâtre. Hors champ, sous les planches, le 8ème salopard, planqué dans le sous-sol. Ou encore cette main - shakespearienne - qui verse le poison à nouveau hors champ.
Ruptures temporelles : le présent (le champ de la narration) est celui de la tempête de neige qui enferme pour quelques heures les personnages les uns avec les autres. Hors champ temporel : ce qui s'est passé AVANT. Dont on ignore tout jusqu'à ce que cela nous soit révélé. On découvre alors le revers des personnages. Les masques finissent par tomber. Et le film que nous nous étions fait s'avère finalement faux. Faux comme le film que se fera John Ruth (Kurt Russell) à propos de la lettre de Lincoln à Warren.
Un grand film sur l'art de raconter des histoires.
Seul bémol à mes yeux, la fin, que je ne trouve pas à la hauteur du reste du film ni d'ailleurs très "lisible".
Comme si l'impuissance - au deux sens du terme - à laquelle sont réduits les deux derniers protagonistes avait déteint sur le talent narratif du réalisateur et finit par castrer son incroyable pouvoir d’imagination.
Personnages/interprétation : 9/10
Scénario/histoire : 8/10
Mise en scène/réalisation : 9/10
8.5/10
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Créée
le 3 mai 2016
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13 commentaires
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