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The Hateful Eight (jeu de mot intraduisible en français) n'est pas qu'un brulot énervé brassant moult sujet sur l'homme, la femme, l'Amérique et les gros flingues. Il n'est pas non plus une mine de tension et de montée de pression. Il est encore moins un rassemblement d'acteurs talentueux et de compositeur virtuose. Non, d'abord et avant tout, The Hateful Eight est le 8ème film de Quentin Tarantino.

En quoi est-ce important ? Soyons clair ; Tarantino est un des réalisateurs les plus influents et important du cinéma actuel : une personnalité forte, une esthétique définie, un fonctionnement bis, un peu à la marge des autres et du sang. Beaucoup. Du sang qui assume n'être qu'un voile sur des sujets brûlants à souhait. Ses films sont à la frontière parfaite entre l'acidité d'un pamphlet enragé et le divertissement d'un ENEURMH ! film d'action. Ainsi, Kill Bill Pt.1 était autant un documentaire sur une boucherie orientale que l'histoire d'une femme forte, à qui l'on a refusé le mariage et la maternité. Avant d'être l'histoire d'un "Negro revanchard", Django Unchained était aussi une intense réflexion sur l'Amérique, ses excès et ses erreurs.
Que vaut donc The Hateful Eight ? Jure-t-il dans la filmographie de Tarantino ? Epuise-t-il jusqu'à la corde les mécaniques de son auteur ?
L'inverse totale.
Une diligence imprime les marques de sa roue sur la neige d'un enfer blanc. Elle croise la route de Marquis Warren, ancien soldat devenu chasseur de primes. A son bord, un "collègue" de Marquis, John Ruth dit "Le Bourreau", qui compte bien livrer sa prisonnière Daisy Domergue au shérif de Red Rock où il se rend. Le blizzard va les contraindre eux ainsi que le nouveau shérif Chris Mannix à faire halte dans l'auberge de Minnie, qui abrite d'autres salopards perdus. Le début d'un huis clos sanglant et tendu, maîtrisé de bout en bout.
Verdict ? Tuerie : peut être un des meilleurs films de Tarantino, derrière Kill Bill,Pulp Fiction et Django Unchained (avis personnel, bien sûr). En quoi ? Déjà, fini l'autocitation : l'inutile répétition des codes visuels "Tarantinien" qui ne servaient qu'a imprimer une patte déjà bien implantés dans l'inconscient collectif à laisser place ici à une réalisation de contrejour, de fumée et d'éclatante blancheur. La réalisation sans faille de Tarantino est au diapason de son écriture : maîtrisé de bout en bout et tout sauf anecdotique. The Hateful Eight est un exemple de storytelling , rien n'y est inutile, tout à un sens. Ce qui cultive aisément l'ambiance malsaine d'énigme retorse. Structuré sur la base la plus simple du monde (des types dans une baraque, l'un d'eux a "fait le café" pour ne pas spoiler) le film égrène les personnages et fait résonner son chrono morbide à chaque regard paranoïaque, désespéré, désillusionné et fou de ses formidables interprètes. On regrettera le traitement express de certains personnages qui auraient pu devenir d'authentiques figures mythiques du cinéma de Tarantino (dommage pour Tim Roth et Michael Madsen, donc)
Mais tout ça pour quoi ? Comme chacun des films du "Blood Master" (oui, je donne des surnoms), The Hateful Eight se doit d'avoir un sens, un message, non ? Force est de constater que Tarantino réussit à rester raccord de bout en bout : ainsi, sa base simple mise en place, se livre-t-il à un évident exercice d'analogie : chaque personnage représente une mode de pensée sociale et politique, et également une facette de l'Amérique. Une fois l'identité de chacun bien défini (le carnassier profiteur, le sombre mystérieux, le vieux pétri de clichés et gonflé d'orgueil par son expérience...) tout roule tout seul : par ses situations extrêmes, le film représente une bataille d'idéologie. Enfin, les hommes et plus précisément l'Amérique a décidé de contempler son horreur dans les yeux et de régler ses problèmes une bonne fois pour toute. Sans y arriver : le final explosif fait montre d'un pessimisme monstre, clamant que le débat est impossible, le bain de sang est inévitable. Les erreurs impardonnables.
Une Amérique de regret et de rage : c'est cette analyse que nous livre Quentin "The Blood Master" Tarantino (décidément je garde ce surnom) avec son salaud de film.

JeVendsDuSavon
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le 20 juin 2016

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JeVendsDuSavon

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