C'est le genre de film que l'on ne sait pas nommer, ou par quel bout commencer : à rapprocher énormément de Fengming du même réalisateur, moins touchant et tirant trop en longueur par contre.
Comme dans l'autre film, Wang a choisi des orateurs de talent qui savent raconter des choses pertinentes et intéressantes sauf que là tout est poussé à l'extrême dans un film de presque 9h.
On essaye d'ajouter le maximum de matières sur les survivants des camps en parlant du moindre lien qu'ils avaient à l'époque, en retrouvant ceux-ci et en montrant des situations qui les réunit tous (enterrement, visite à l'hopital...). Ca rend le truc très inégal, tu passes du cercueil dans une histoire touchante à un mec qui essaye de te raconter une histoire touchante avant d'aller au cercueil (y'a des moments beaucoup plus chiants que d'autres, des moments qui se mariaient avec le tout beaucoup moins que d'autres).
Sauf que là ca se sent que c'est vraiment pour ressentir le maximum de leurs sentiments, fusionner le plus possible avec eux, pas pour traiter un propos (tous le coté vieillissant cherchant la mort est bien, je ne crache pas dessus, mais ils ne font qu'agoniser avec nous durant le film : on l'aime bien notre grand père mais à un moment on veut juste toucher l'héritage (les témoignages enrichissants des vieux dans ce cas-ci) et se barrer faire des trucs plus intéressantes que pleurer pendant 9 heures).
Ca ne plaira pas à tout le monde, la majorité des gens qui ont lancé le film ne s'attendait certainement pas un Fengming de 9h mais plus à un à l'ouest des rails version camp : une grande fresque sur ce sujet et pas un truc à la limite du biopic nauséeux (beaucoup de situations racontées se répètent, même des moments d'émotions ne sont que l'écho de ce qui se disait il y à peine quelques heures : je ne peux pas aimer tout le monde et certainement pas dans un laps de temps aussi court, en une fois qui plus est, comme c'est un film et pas une série). Le thème rappelle aussi "le fossé", toujours du meme auteur, mais sans le coté graphique, on dirait limite une version raconté plutôt que filmée, de tout jusqu'au plus petit détail.
Je n'ai pas vomi le film, je dis juste qu'il n'est pas accessible et que, clairement, il ne sera pas à retenir dans l'histoire du cinéma : tenant plus du plaisir personnel de Wang Bing que d'une véritable volonté d'apporter quelque chose à la postérité (meilleures phrases de tout les temps par contre : "avant ils étaient accueillis avec la porte grande ouverte, maintenant avec des injures", "j'étais à l'image dans mon pays, tombant dans le néant", "je n'avais plus d'illusions mais j'en créais chez mes proches" et "ce qu'ils nous donnaient, ils se le retiraient de la bouche" ET "votre père n'est plus et votre mère est indigne, restez ici et le destin fera le reste").