Victor, Salomon et Slimane
Dans ma grande naïveté, je me plais à croire que ce film a plus fait contre le racisme que des décennies de slogans militants. Car c'est un objectif essentiel des Aventures de Rabbi Jacob : combattre le racisme. Victor Pivert est raciste. Contre les arabes, les Juifs, mais aussi les Belges, les Allemands, les Anglais... Mais, au lien de condamner les racistes, de se contenter de dire "ce sont des c...ards" et de passer à autre chose, le film montre quelque chose que je crois important : le racisme vient de l'ignorance. Victor Pivert est obligé de partir à la rencontre de ces "autres" qu'il ne supporte pas, et il découvre tant de choses que le racisme s'effondre de lui-même. Le brassage culturel, la découverte des autres cultures, voilà ce qui est prôné, avec intelligence, par Gérard Oury (et sa scénariste de fille, Danièle Thompson, la future réalisatrice de La Buche).
La force de ce film, c'est de délivrer son message sans trop l'appuyer et tout en remplissant son objectif premier : faire rire ! J'avoue que je ne suis pas un adorateur des films de Louis de Funès. Il avait une grande force comique, mais trop souvent il a été desservi par des réalisations pitoyables. Même ses grands classiques, les duos de Funès-Bourvil, me laissent de marbre : Le Corniaud m'ennuie profondément et La Grande Vadrouille ne me fait que vaguement sourire une ou deux fois.
Mais ces Aventures de Rabbi Jacob, c'est hilarant. L'action ne s'arrête jamais, les rebondissements s'enchaînent jusqu'à la dernière minute, il n'y a pas le moindre temps mort.
L'humour est surtout basé sur une série de quiproquos qui se répètent tout au long du film. On confond Pivert et Rabbi Jacob (et inversement), on confond les policiers et les tueurs (et inversement), et ces confusions constituent la trame de l'humour du film.
Un humour aussi centré sur l'ignorance de Pivert face aux coutumes juives. Toute la séquence où le faux Rabbi Jacob est dans le quartier juif est hilarante : il bénit la foule en faisant le signe de croix, il croit que le mot "cacher" est un nom propre, etc. Un humour qui ne peut fonctionner que si le spectateur a les références religieuses nécessaires (je dis ça parce que mes élèves, ne connaissant strictement rien en religion, risquent de passer à côté de ces gags).
Une séquence qui trouve sont point d'orgue dans la fameuse danse, un petit chef d’œuvre en soi.