Les Brumes d'Avalon par Eluria
Le film me semble rempli de contrastes qui le font paraître tour à tour génial puis nasebroque, original puis très conventionnel, intense puis d'une grande platitude...
Son principal défaut, qui influe grandement sur le rythme, c'est sa durée : trois heures, c'est beaucoup trop ; en deux c'était largement faisable.
Quelques ellipses ici et là n'auraient certainement pas porté atteinte à la complexité de l'histoire mais aurait surement permis une meilleure dynamique et ainsi évité de nombreuses platitudes.
En outre, c'est clairement un téléfilm américain dans son identité et sa construction... qui ne se démarque aucunement de tous les téléfilms US qu'on peut voir d'habitude.
La réalisation est extrêmement académique, sans surprise et sans prise de risques, ce qui accentue malheureusement pas mal l'effet de banalité...
Dommage aussi ce choix de faire certains décors en numérique, cela rend le film parfois vraiment très moche. Celui-ci aurait réellement gagné à être davantage travaillé sur le visuel : il y a malheureusement peu de décors époustouflants et qui marquent les esprits.
Seules les scènes qui marquent l'approche d'Avalon, qui sont noyées sous la brume, sont mystérieuses et jolies à regarder.
Par contre, la réécriture du mythe du cycle arthurien est superbe, j'ai adoré l'originalité apportée, le regard nouveau sur des histoires pourtant maintes fois remâchées. La prouesse du truc, c'est que malgré les libertés prises avec les détails de l'histoire, le mythe, les personnages et leur évolution restent malgré tout intacts et (presque) inchangés.
En outre, le film insiste aussi de façon assez pertinente sur la confrontation entre le christianisme et les mythes et croyances païennes, peuplés de druides et de sorcières... On assiste ainsi à la fin de tout un monde dans lequel la magie s'efface peu à peu pour laisser place à la religion.
Joli aussi, le choix d'avoir raconté l'histoire du point de vue des femmes, même si certaines se révèlent finalement assez transparentes, telles que Ygraine ou Guenièvre.
Par contre, Morgane, Morgause et Viviane sont toutes les trois splendides et portent véritablement le film sur leurs épaules.
Et enfin, comment ne pas souligner la magnifique et somptueuse voix de Loreena McKennitt qui nous berce du début à la fin et qui donne simplement envie de fermer les yeux et de se laisser envouter par cette musique mystique et enivrante.
Un joli téléfilm qui méritait un meilleur traitement esthétique. Au cinéma, et manié par un bon réal, je pense que ça aurait vraiment pu faire un film terrible.