Au cours du visionnage du documentaire « Les casques blancs », produit par Netflix, j’ai été, comme beaucoup, impressionné par le courage dont font preuve ces hommes. Quelqu’un qui risque quotidiennement sa vie pour venir en aide aux autres, c’est exactement ce que l’on appelle un héros. Et c’est ce que Netflix nous laisse croire.
Cependant, lorsque j’ai cherché par la suite à m’informer plus en détail sur le fonctionnement et la structure de cette organisation, le qualificatif de « héros » est devenu de plus en plus difficile à justifier.
Alors que le documentaire fait passer les casques blancs pour une organisation totalement neutre vis-à-vis du conflit en Syrie, indépendante de tout pouvoir tant politiquement que financièrement et uniquement constituée d’hommes pacifistes (ne pouvant pas prendre part militairement au conflit), la réalité semble être tout autre.
Avant toute chose, il est important de préciser que le réalisateur du documentaire, Orlondo von Einsiedel, ne s'est jamais rendu en Syrie, les vidéos des scènes de conflit ayant été récupérées et montées par des personnes probablement insuffisamment renseignées sur les enjeux et sur la situation sur place.
Comme vous le constaterez en faisant vos propres recherches, les articles fiables sur le sujet issus de grands journaux sont extrêmement rares. Dès lors, il est presque impossible de rétablir la vérité et de s’attaquer aux critiques. Néanmoins, certains éléments nous permettent de valider les critiques les plus répandues et de laisser planer le doute sur les plus incriminantes.
Pour ce qui est des critiques les plus répandues, cet article du HuffPost nous livre une synthèse fiable et intéressante. On constate que les casques blancs ont été créés à l’initiative de James Le Mesurier, un ancien militaire britannique, et sont en réalité financés par les USA, le UK et d’autres pays occidentaux (lisez la fiche wikipédia sur le sujet pour avoir plus de détails). Ainsi, ils sont loin de la neutralité politique et financière revendiquée.
A ces critiques fondées, s’ajoutent de nombreuses autres qui accusent tour à tour les casques blancs de collaborer avec le Front al-Nosra, de prendre clairement le parti des rebelles dans le conflit, d’être un outil au service des pays occidentaux, de voler, de torturer et d’exécuter des civils, de ne venir en aide à la population que lorsque les caméras occidentales sont de sortie, etc.
Malheureusement, il est presque impossible de prouver ces accusations avec certitude. Toutefois, le simple fait qu’elles existent, tout comme bon nombre de témoignages allant à l’encontre des casques blancs, est alarmant. Par ailleurs, certaines images et vidéos semblent prouver que certains casques bancs ont pris les armes aux côtés des rebelles. Là encore, faire la différence entre la réalité et de potentielles mises en scène est une véritable gageure.
Ce qui, à mes yeux, constitue un argument de taille à l’encontre des casques blancs, ce n’est pas tant la multitude des messages et témoignages allant à leur encontre, mais plutôt le soutien que ces critiques semblent recevoir de la communauté présente sur internet et qui, on peut l’espérer, est représentative de la population syrienne. Voyez par exemple les commentaires très critiques que l’on peut trouver directement sous la bande annonce du documentaire (voir màj infra). Leur abondance, ainsi que le nombre de likes qu’ils ont reçus, sont la preuve que les casques blancs ne sont pas unanimement soutenus par la population, ce qui, pour une organisation neutre censée venir en aide à tout un chacun, est plus que préoccupant.
Dès lors, malgré le fait que les casques blancs aient certainement contribué au sauvetage d’un certain nombre de vies humaines et malgré les images émouvantes que nous présente ce documentaire, il nous incombe de rester très critique vis-à-vis des informations qu'il véhicule.
Màj 13/07/2022 : concernant la bande annonce du documentaire, je constate en consultant les commentaires qu'on ne trouve presque plus ceux qui étaient les plus critiques, ce qui laisse entendre qu'il y a eu de la censure. En outre, depuis que YT ne montre plus les dislickes, on ne peut plus constater que le ratio like/dislike était d'à-peu-près 50/50 (de mémoire).