De temps en temps il est bon de se frotter à un cinéma plus exigeant avec des œuvres cinématographiques qui osent s'emparer des classiques de la littératures pour livrer à nos cerveaux avides de sollicitations ardus de véritables proposition artistiques. En 1980 sort ainsi Les Charlots Contre Dracula, carambolage improbable entre l’œuvre de Bram Stoker et les derniers soubresauts d'une certaine comédie populaire des années 70. Je l'avoue sans honte, j'aime Les Charlots, ils ont bercés mon enfance de cet humour frondeur, anarchiste, chevelu et absurde qui venait tordre le cou aux comédies vieillottes de papa. Pourtant en ce début de décennie Les Charlots ont déjà eux aussi un peu perdu de leur lustre d'antan avec l'arrivée d'une nouvelle génération de comédie sociale et méchante issus principalement du café théâtre. Les Charlots Contre Dracula n'est donc pas (loin s'en faut) le meilleur film de la bande de Gerard Rinaldi, Jean Sarrus et Gerard Filipelli, mais il reste une délicieuse et consternante fantaisie qui vous transporte avec nostalgie vers les bêtises et les rires idiots de l'enfance.


Dans Les Charlots Contre Dracula nous allons donc rencontrer le descendant du fameux conte des Carpates lequel doit boire le contenu d'une fiole afin de devenir un vrai vampire. Malheureusement pour lui seule sa mère décédée était capable d’attraper le fameux élixir sans finir pétrifier. Notre pas tout à fait vampire entreprend alors de capturer une femme ressemblant traits pour traits à sa mère afin de tromper le premier flacon à reconnaissance faciale de l'histoire. Avec l'aide d'un détective il kidnappe alors Arianne dont le petit ami Phil, oui c'est le Phil d'Arianne, se lance à sa poursuite avec l'aide de ses deux amis.


Les Charlots contre Dracula est donc loin d'être le meilleur film de la bande et c'est peut être et paradoxalement parce que c'est le seul film et unique dont ils ont écrit le scénario. Une écriture faites à l'arrache quelques semaines seulement avant de débuter le tournage ce qui explique sans doute un peu mieux l'aspect bordélique et fourre tout d'un film qui semble souvent naviguer à vue et sans garde fous. L'avantage de ce type de films qui tente d'aligner deux gags toutes les minutes c'est que dans la profusion on trouve toujours un truc un peu plus consternant et stupide que les autres pour nous arracher un sourire idiot. Le film carbure à un humour bon enfant, absurde, stupide, burlesque et souvent très lourd enchaînant gags visuels, slapstick, jeux de mots navrants et bruitages débiles. On sent clairement le film en roue libre et il manque clairement un métronome comme Claude Zidi ou Jean Girault pour canaliser tout ça, repenser toute la rythmique comique et accessoirement diriger les acteurs. Le film est ici réalisé par Jean Pierre Desagnat qui fait ses premiers pas dans la comédie et du débutant Jean Pierre Vergne (futur réalisateur du film Le Téléphone Sonne Toujours Deux Fois) et le moins que l'on puisse dire c'est que le duo n'est pas vraiment convaincant, se contentant de très platement mettre en image les facéties de la bande dans une mise en scène passe partout. Le film tisse aussi un pont fragile avec la bande du Splendid en invitant Gerard Jugnot qui interprète le détective Gaston Lepope et nous gratifie de deux trois moments assez drôles comme lorsqu'il tente de faire avancer un cheval ou que traumatisé il redevient à un tout petit garçon. Pour le reste je dois bien avouer que le film ne m'amuse plus vraiment à part cette séquence débile qui m'a fait encore beaucoup rire lorsque Gerard Rinaldi s’électrocute bouche ouverte et que Jean Sarrus en profites pour se sécher les cheveux … Oui je suis bon public.


Après vous avez en vrac Dracula qui mange du couscous , un téléphone caché dans du fromage blanc, Phil qui apprend à nager le temps d'une interminable chute, Jugnot attaqué par un stock shot de loup, une naine qui colle des baffes, l'excellent Pierre Triboulet en train de se pendre (Mais que devient il ??), Jean Sarrus qui se coiffe avec un pétard, Dieu qui distribue des frites, une tentative de se défendre avec un saucisson à l'ail ... Bref, de quoi alternativement sourire, s'amuser, soupirer et se consterner comme si les ZAZ ou les Monty Python très fatigués essayaient de nous faire rire après la digestion d'un repas bien trop lourd ne laissant entrevoir qu'entre deux gags un peu gras l'inspiration et la légèreté dont ils sont capables.


Même si certains considèrent Les Charlots Contre Dracula comme l'un des tout meilleur film de la bande, je préfère de très loin leurs premiers films tels que Les Fous du Stade , Le Grand Bazar ou Les Bidasses en Folie. Le film de Jean Pierre Vergne et Jean Pierre Desagnat souffre d'un sérieux manque de rigueur, de rythme et d'ambition se contentant juste d'illustrer les facéties des Charlots qui à l'évidence n'ont pas écrémé leur écriture pour ne garder que le meilleur de leurs gags.

freddyK
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le 14 janv. 2024

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