Cri dansant
Les Chatouilles n'est pas une histoire de viol. Ce n'est pas une histoire d'enfant traumatisée, de victime qui ne s'en remet pas. Au contraire. C'est une histoire de vie au-delà du viol, de la...
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le 8 nov. 2018
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Je n’avais pas envie de voir « Les chatouilles ».
Le titre me plaisait, le synopsis un peu moins. Qui a envie de légèreté se détourne de ce genre de sujets... La pédocriminalité, donc.
Et puis je me suis dit « Pourquoi pas », c’est le Festival de Cannes et sûrement la seule occasion de voir ce film (que je ne serais jamais allée voir seule)...
Ça commençait sur une mauvaise note (en apparence), par le jeu d’actrice d’Odette enfant (excellente danseuse au demeurant), qui semblait réciter son texte et pas parler avec ses émotions. Ce qui me contrariait au début m’a finalement soulagée : au moins, elle n’a pas vécu le traumatisme de « la vraie Odette » (Andréa Bescond).
Le film a été une traversée d’émotions, avec principalement de la colère, une immense colère (merci Karin Viard), mais aussi de la tristesse et du dégoût (déso Pierre Deladonchamps), et heureusement un peu de tendresse (merci Clovis Cornillac) et aussi des éclats de rire (merci Gringe).
Je suis encore passée à la machine de ce film, pas encore complètement essorée. Mais propre. Pour la première fois de ma vie devant un film j’ai « ouvert les vannes ». Je n’étais pas la seule d’ailleurs. J’ai voulu m’écrouler, tout lâcher. Et puis finalement ce que j’ai lâché ce sont les émotions, enfin.
La séance était accompagnée de la présence d’Andréa Bescond et Éric Metayer (co-réalisateur), et ce dernier a dit une chose assez capitale à propos de la direction de l’actrice qui joue Odette enfant : tout (la pédophilie) lui a été expliqué (notamment via ses formidables parents, semble-t-il), parce que le petit choc qui survient quand on apprend que cela existe n’est rien face au choc qui survient lorsque cela arrive et qu’on n’est pas informé.e (et qu’on ne sait pas, par exemple, que ce n’est pas de notre faute).
Ce film est une sorte de thérapie pour les gens qui comme Andréa, comme moi, ont été victimes d’un pédophile. Une thérapie pour nos enfants intérieurs qui ont été enfermés tout ce temps.
Ce n’est pas un chef d’œuvre, ça n’en a de toute façon pas la vocation. Mais il faut le voir, car ça peut arriver À TOUT LE MONDE. Qu’on soit beau, moche, pauvre, riche, intelligent, stupide... On est un enfant.
Dans une brève interview accordée à Society, Liv Ullman disait : “The difficult thing is not ‘What is best?’ but instead ‘What do you feel when you leave that movie?’
I think that’s why movies are important: They wake up dreams that you can’t always verbalize but that are very real, about who we are and why we are human beings.”
Cette citation résume pourquoi j’attribue la note maximale à ce film.
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Créée
le 21 mai 2018
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