Les Chevaliers Du Zodiaque : La Légende Du Sanctuaire est, après l’adaptation au cinéma d’Albator, Le Corsaire De l’Espace, la nouvelle production de Toei Animation, société bien connue de tous ceux qui ont passé leurs mercredis d’enfance bien calés devant Le Club Dorothée. Toei semble avoir fait le pari, peut-être par manque d’inspiration, d’adapter sur grand écran les héros de jeunesse de toute une génération dans l’espoir, peut-être, d’en conquérir une nouvelle.
Si le verdict vis-à-vis d’Albator était déjà nuancé, c’était surtout par rapport à une narration décousue, qui ôtait l’intérêt qu’on pouvait porter à l’intrigue. Pour Les Chevaliers Du Zodiaque c’est différent, même si on ne tient toujours pas l’adaptation réussie qui ferait renaître un mythe. Tout comme la série, le film reste réservé aux initiés, de par une seconde partie exclusivement consacrée aux combats et qui condense en 90 minutes ce qui, avec le dessin animé, tenait sur des heures. Une violence donc, qui en rebutera certains. Un univers à appréhender également, qui mélange plusieurs mythologies et fixe des enjeux qui pourront laisser indifférent.
Comme Albator, la première partie souffre d’une narration mal maîtrisée, elle va si vite qu’il sera difficile d’y comprendre quelque chose, pour tout débutant en Chevaliers. Grosso modo, le tout doit être expédié environ en quinze minutes (alors que la série comptait pas moins de 114 épisodes). Vu le mélange qui est fait entre zodiaque, dieux grecs, trahison, imposture et réincarnation, il faudra se contenter de la succession de combats, en se disant qu’on la comprendra bien au fur et à mesure, cette histoire.
Il y a quand même un point fort dans ce film, un point que maîtrisent les Japonais, une animation splendide dont on sait, depuis la série des Final Fantasy, qu’ils sont capables d’en faire quelque chose qui laisse stupéfait. Bien sûr que ça ne suffit pas à faire un film, bien sûr que ça ne donne pas l’œuvre ultime, l’adaptation que nous attendions tous. Par contre, cette animation sauve le film d’un naufrage complet et, pour peu que l’on a aimé enfant, assister à ces combats de chevaliers qui s’étiraient sur dix épisodes, alors on sera contenté. D’autant qu’ils sont beaux, ces combats, atomiques, stratosphériques même, Keiichi Sato ayant poussé encore plus loin les possibilités visuelles qu’offre l’animation numérique.
Mais il y a quand même une petite particularité, peut-être une marque de fabrique, qui différencie l’animation numérique japonaise des U.S.A. : c’est ce qui semble être un refus (pour l’instant) d’utiliser la motion capture. Il y a peut-être une raison à cela, liée au malaise que peut créer cette technique sur les visages « humains ». Sur des personnages non humains, comme Gollum ou Cesar, cette technique a des résultats et relègue au Neandertal des maquillages pourtant très aboutis. Mais sur les visages humains « réalistes » comme ici, cette technique donne jusqu’ici un sentiment de pâle imitation.
Les Chevaliers Du Zodiaque : La Légende Du Sanctuaire, restera donc un semi-échec. Une pure réussite sur la forme, puisque le résultat technique et visuel, qui était attendu, est bien présent. Mais sur le fond c’est décevant, car en plus d’une narration qui échappe à son réalisateur, les dialogues sont très souvent navrants, en particulier lorsqu’ils tentent cet humour ras des pâquerettes, marque de fabrique de nombreux mangas. Il va donc falloir attendre encore avant de l’avoir, ce chef-d’œuvre qu’on voudrait voir émerger de notre enfance. Il y a toujours le serpent de mer d’une adaptation de Cobra qui dure depuis des années. On aimerait le voir un jour, sauf bien sûr si le résultat doit être comme celui-ci.