Et si l'armée américaine avait donné carte-blanche à un Hippie pour constituer un escadron de supers-soldats-Jedi ayant de puissants pouvoirs psychiques ?
Question idiote ? C'est pourtant le postulat du scénario des Chèvres du Pentagone, film doux-dingue s'il en est.
Une idée de départ saugrenue pour un film qui ne l'est pas moins. L'humour du film né surtout du décalage entre les situations (sérieuses, filmés avec distance) et le comportement des personnages (irrationnel, absurde) donnant une atmosphère assez pince-sans-rire. Ainsi ceux qui s'attendent à délire sous acide, avec des gags appuyés et des tranches de rire grasses vont être déçus. En revanche les clients d'humour décalé trouveront sans doute leur compte même si, il faut bien le reconnaitre, le film a quelques soucis de rythme.
Il faut dire qu'il y a une sacrée galerie de débiles profonds dans cette histoire rocambolesque, notamment George Clooney absolument bluffant en escogriffe perpétuellement hébété. Le voir s'émerveiller de l'envol d'un papillon est un grand moment de Cinéma, ni plus, ni moins. Un personnage de prime abord ridicule mais qui laisse voir une vraie fêlure, si bien qu'on finit par se demander si son histoire n'a pas un fond de vérité.
On suit aussi le parcours de Bill Django, Colonel hippie charismatique magistralement interprété par Jeff Bridges. Un parcours qui permet de voir le regard d'un optimiste profond sur la période trouble des années 60.
En contrepoint on nous offre un Kevin Spacey cynique et cassant mais tout aussi allumé que ses petit camarades.
Face à cela Ewan Mcgregor est le parfait relais du spectateur avec un personnage un peu apathique, un peu condescendant mais qui se laisse prendre petit à petit par la folie douce.
Un casting 4 étoiles (comptez-les bien, il y en a bien 4) où chacun semble se faire plaisir avant toute chose, un plaisir assez communicatif et qui participe beaucoup à l'attachement que l'on peut avoir pour le film.
Cependant le film est peut être un peu trop conscient du fort potentiel de ce casting déjanté et de cette histoire abracadabrantesque puisqu'il ne fait pas vraiment d'effort en terme de mise en scène et de découpage. Ainsi certaines scènes sont un peu trop longues pour ce qu'elles sont et à l'amorce du dernier tiers le récit accuse une sévère baisse de rythme. Les séquences se font moins drôles, un peu bancales.
Cependant la toute fin du film rattrape un peu le soucis et le film aligne tout de même son lot de séquences vraiment drôles (sans être hilarantes non plus mais là n'est pas le but) avant cette baisse de rythme. On se souviendra ainsi longtemps de la tentative de manipulation des nuages, du choix de la route dans le désert, de la fameuse séquence de la chèvre, du procès ou encore des envolées lyriques sur fond de Boston (le groupe hein, pas la ville).
Avec un casting de stars, un histoire tordue, un humour décalé et un George Clooney dans le rôle d'un idiot le pitch des Chèvres du Pentagone ressemble au synopsis d'une comédie de Frères Coen. Une comparaison inévitable mais de laquelle le film de Grant Heslov ne sort pas honteux. Si le film possède ses problèmes de rythme et d'écriture, que la réalisation manque parfois un peu de souffle il n'en demeure pas moins un très bon moment. La qualité des dialogues, des acteurs et quelques bonnes idées de mise en scène font qu'on assiste à plusieurs passage vraiment très drôle et souvent assez inattendus, quel dommage qu'ils soient concentrés dans les deux premiers tiers du film. Le film se finit ainsi avec une impression un peu étrange, celle d'une déception, mais qui ne rend pas forcément justice aux qualités d'un métrage vraiment attachant.