Fire swim with me
Ouverture du NIFFF (Neuchâtel International Fantastic Film Festival) version 2022, Les Cinq Diables de Léa Mysius devient le second long-métrage de sa jeune réalisatrice, après un Ava qui avait déjà...
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le 2 juil. 2022
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Le film fait plein de promesses (qu'il ne tient pas toujours, pas souvent) et présente quelques belles choses, deux-trois fulgurances, mais immédiatement auto-assagies, comme s'il ne fallait pas que ces fulgurances éclatent sur la pellicule (d'ailleurs il n'y a pas de pellicule, autre grand souci) pour rentrer dans un moule préétabli : celui du cinéma d'auteur français non-binaire, non-racisé, mais fait par des femmes - en gros celui à la mode, qui rafle les prix dans les grands festivals (L'événement, Titane, etc.). Mais le film de Léa Mysius, survendu avant même sa sortie, de part son premier beau premier film (Ava, mais qui reste un premier film), et ses collaborations scénaristiques avec les masdotondes de la profession de cinéma d'auteur branché mais qui doit quand même rentrer dans le moule (Jacques Audiard, Claire Denis, André Téchiné, Arnaud Desplechin, she's THE woman, il ne manque que Céline Sciamma à son actif, mais icelle se targue encore de savoir écrire des histoires, la bonne blague), qu'on voyait déjà gagner la Palme d'Or à Cannes (la pauvre dû se contenter d'une simple sélection à la Quinzaine, quel camouflet), ce film donc, souffre d'un problème récurrent, du premier au dernier plan, que je nommerai l'inachèvement. Tout est esquissé, balancé, mais rien n'est achevé, rien n'est bouclé ni dans la mise en scène, où l'on balance des idées pêle-mêle mais sans rien aboutir, et surtout en les piquants ailleurs (après Titane, l'univers des Pompiers français semble décidemment fasciner les jeunes réalisatrices. Plus grave encore, l'intrigue complète, en tout cas le procédé narratif de l'ensemble, m'a semblé littéralement pompé sur celui de la belle série Les 7 Vies de Léa. J'ai un avis sans aucune confirmation : le milieu de la production parisien est tout petit, et je suis certain que l'idée de l'adaptation du roman Les 7 Vies de Léo Belami a dû tourner partout avant de devenir la série que l'on connait, et que Mysius a peut-être travaillé dessus avant de s'en désintéresser, et que des choses sont forcément de manière plus ou moins conscientes dans l'écriture de son film. J'invente peut-être totalement, mais franchement, c'est réellement problématique d'avoir la sensation de revoir la même chose... surtout à si peu d'intervalle et dans le même pays...). Et même faisant abstraction de cela, le film est bourré de trous : qu'est-ce que c'est que ce flacon et ce liquide étrange qui donne le pouvoir pompé aux 7 Vies de Léa ? d'où vient-il ? Est-ce qu'on pourrait se donner deux secondes le mal de donner du sens à ce que l'on propose ? Et, je spoile, je vous préviens, le film propose un paradoxe temporel, qui soustend l'ensemble, j'entends que sans ce paradoxe temporel il n'y a pas de film : Julia fout le feu au complexe sportif (et donc ruine la vie de tout le monde, et pose l'intrigue du film) parce qu'elle est hantée par l'apparition de la jeune Vicky, mais la jeune Vicky débarque dans le passé à cause de la fiole étrange (évoquée plus haut) qui est apportée par Julia dans le temps présent. Donc qu'est-ce qui justifie ce paradoxe temporel ? il manque la cause, le déclencheur, il n'est ici qu'un ouroubouros, serpent se mordant la queue continuellement, mais qui ne tient pas debout cinématographiquement. Et puisqu'on parle cinéma, je m'arrête sur l'un des principaux problèmes du film : son image. Tourné en numérique dégueu, le film adopte une image cramée, sursaturée, d'une grande laideur et qu'on croyait abandonnée au mi-temps de la décennie 2000. C'était pour Mysius censé être le film qui allait la plongée dans le grand bain, j'y vois malheureusement plutôt de la gonflette, un truc trop gros, trop tôt, témoignage d'une envie de vouloir absolument jouer dans la cour des grands, mais celle-ci est impitoyable...
Créée
le 5 sept. 2022
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