Les Citronniers aborde un thème classique de la société palestinienne : l'expérience de la dépossession et du déracinement. Il le fait pourtant d'une façon particulièrement touchante, grâce à l'interprétation réussie de Hiam Abbas, et l'écriture intelligente du personnage de Mira, femme du ministre de la défense israélien.
L'affrontement indirect entre les deux femmes illustre la dimension tragique de la situation coloniale en Palestine. Le ministre de la défense s'installe en bordure d'un verger. Or, puisque le verger pose un risque sécuritaire pour le ministre, il faut le détruire. C'est la dynamique implacable du colonialisme : la dépossession du colonisé engendre l'insécurité du colon, qui répond en poussant la dépossession toujours plus loin. Au milieu de cette dynamique implacable, les empathies individuelles ne peuvent rien. On sent naitre entre Salma et Mira une relation ambigüe de rivalité mêlée de curiosité mutuelle, et en arrivent presque à développer une sympathie l'une pour l'autre. Mais les deux femmes se croisent sans jamais se rencontrer, étant séparées par les lois inéluctables de la société coloniale.