Les Contes de la nuit par PipoNicoo
Agréable moment que celui partagé avec ces deux enfants conteurs dans un cinéma, la nuit. Plus de livre épais dont on tourne les pages dans son lit, avant de s'endormir, c'est une salle du 7ème Art qui est le lieu propice à toutes les imaginations... même si la bibliothèque n'est pas loin ! Les contes que propose ici Ocelot sont un jeu de rôles pour ces enfants, guidés par un vieux projectionniste, un vieux grand-père qui a troqué le chevet du lit pour une salle de cinéma vide dans le secret de la nuit et qui y dévoile ses trucs... deux trois bouts de ficelle, une princesse, un peu de documentation pour les décors et les costumes... Tout cela sonne pour nous comme les fameux "On dirait que..." des jeux d'enfants.
Alors, oui, les contes sont un peu inégaux et cèdent parfois à la mièvrerie pure et simple... peut-être la multiplication des récits a fait qu'on y a perdu un peu en profondeur et que l'ensemble manque d'unité... mais c'est bien un film pour enfants, et quelle féerie pour eux, quelle plongée en enfance pour nous !
Il restera surtout en tout cas la beauté magique du dessin, de ce jeu d'ombres chinoises qui rehausse encore le soin apporté aux décors... Le Douanier Rousseau n'est pas loin dans l'histoire de Ti Jean ! Voilà un film où la 3D sert vraiment le choix esthétique, y apportant cette profondeur entre les ombres des personnages et les différents plans du décor, donnant ainsi l'impression de feuilleter un de ces livres pliables pour enfants où surgit un décor fantasmagorique à chaque fois qu'on tourne une page. Décors de carton où l'on aime à se perdre.
En partant d'un cinéma, Michel Ocelot aura donc rendu hommage au caractère éminemment oral du conte, qui surgit ici de la discussion de deux enfants et d'un projectionniste, tout comme au papier des vieux livres de contes que l'on lisait, ou que l'on écoutait, le soir, en s'endormant...