Un peu d'histoire
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La suite des Visiteurs fut accouchée dans la douleur. Des fans volent des morceaux de décors, le tournage est catastrophique, l'ambiance entre Muriel Robin et le reste de l'équipe est très mauvaise. Le résultat : un cartoon extrême, avec désastres en série.
Le grand reproche posé au film concerne la prestation de Muriel Robin, qui remplace Valérie Lemercier de le rôle de Béatrice de Montmirail. En un sens il est légitime : l'humoriste incarne moins l'héritière de l'aristocratie. Elle ressemble plutôt à une bourgeoise (de ceux qu'on moque pourtant dans le premier, en lien avec les schémas héréditaires – comme Jacquard) ou une aristo kitsch. Alors certes, elle ne correspond pas au cliché. Mais j'ose : Muriel Robin est géniale. Par sa performance volcanique, elle dépasse Lemercier en charisme brut. Et elle correspond parfaitement à l'atmosphère de ce second opus ; mieux, elle en est un beau symbole.
Au lieu du simple débarquement à une autre époque, Poiré prend en compte les couloirs du temps. Ce superbe gadget offre une infinité d’aller-retours entre les époques, décuplant le chaos généralisé. Car Les Visiteurs 2, c'est du jamais vu, même le dernier tiers de Mars Attacks ! ne partant pas à ce point dans le bordel euphorique. C'est incroyable : tout est surréaliste, il y a quasiment un gag par seconde, les acteurs sont hystériques et semblent sous substance. Chacun semble dans sa propre ivresse en plus de celle collective : un bon exemple à ce titre, c'est lorsque Ginette s'enfuit vers Saint-Tropez et refuse de boire son cho-cho-cho-caca-o, alors que Jacquouille de son côté se prépare à lui couper la main : chacun hurle et court en ignorant totalement le projet de l'autre.
Clairement, Les Visiteurs 2 surpasse son prédécesseur dans la pure farce. Il est bien plus bourrin et même paillard ; mais il est encore bien au-delà de ça. Dans Les Visiteurs, à l'outrance burlesque s'ajoutait une espèce de mysticisme soft ; or dans Les Visiteurs 2, c'est un carnaval euphorique, totalement absurde, presque inhumain par ses excès.
Par conséquent il n'essaie pas d'être un film ''normal'' : tout consiste à envenimer l'anarchie. La construction est extrêmement bizarre : d'une part, au placard Costa-Gavras, ici les plans durent deux à quatre secondes pas plus [règle générale évidemment]. Mais aussi, des voix parasites s'incrustent (une sorte de « Putain Marielle » au milieu d'une des seules séquences censément premier degré, car d'une fonction importante pour l'avancée du script) ou des répliques magnifiquement saugrenues s'infiltrent l'air de rien (« arrêtez de gueuler saucisse »). Par cette absence hallucinante de sérieux et de profondeur, Les Visiteurs 2 peut d'autant plus être perçu et tenu comme un navet ou un nanar. Totalement destroy, le spectacle défie quelquefois la cohérence et la vraisemblance (sans tomber dans l'aberration – qui gâcherait tout – mais en rebondissant toujours plus loin qu'on pu l'espérer), flirte avec le slapstick. Au-delà du face-à-face guindés/pouilleux, on se délecte de la rencontre de Jacquouille avec la société de consommation, son meilleur fan et annihilateur.
Et puis surtout, c'est une avalanche de répliques cultes : indépendamment du crédit qu'on lui accorde, on assiste à une rafale de dialogues folkloriques. Même les plus sceptiques en reconnaîtront l'intensité – en même temps, cette logorrhée absolue peut épuiser. C'est leur affaire. Les Visiteurs 2 est une série Z punk avec des moyens de grosse production, un produit extraordinaire où on s'amuse à tout faire voler en éclats, avec une énergie prodigieuse. Pour ceux qui n'entreront pas dans le délire, ce sera harassant, pour les autres, cette tornade est jouissive. C'est, de toutes façons, un exploit cinématographique... ou un contre-exploit.
https://zogarok.wordpress.com/2016/02/22/les-visiteurs-2-les-couloirs-du-temps/
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le 29 juin 2014
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20 commentaires
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