Je ne sais plus quoi dire. Pendant longtemps, je n’ai pas porté dans mon cœur les productions DreamWorks. Ceux qui me lisent régulièrement le savent d’ailleurs très bien, ils m’ont beaucoup déçu par le passé et ils savent aussi que cette tendance est clairement dépassée. Depuis Dragons, Megamind ou même, le plus surprenant d’ailleurs, Madagascar 3, le studio de Jeffrey Katzenberg ne cesse de me surprendre en bien. Et ce n’est pas le film Les Croods de Chris Sanders qui va démentir cette tendance.
Pourtant, c’était loin d’être gagné d’avance sur ce que je voyais lors de la promotion. J’irais même jusqu’à dire que le film pourrait servir de cas d’école sur un sujet de promotion web mensongère vis-à-vis du film. Beaucoup seront d’accord avec moi, les différentes bandes-annonces qui nous ont été offertes ne sont pas des plus folichonnes. Très axées sur les plus jeunes spectateurs, celles-ci nous offraient un lot d’humour qui ne volait pas très haut et nous montraient des images qui faisaient très fortement penser à d’autres productions, ce qui n’était pas des plus encourageant (le dernier exemple en date du même style me renvoie à Rio, ce qui n’est VRAIMENT pas un compliment).
Effectivement, quand on prend un peu de recul sur le film, ces deux aspects que je trouvais dans la bande-annonce sont bel et bien présents dans le film.
L’humour tout d’abord est bien entendu très très présent, comme dans chacune des productions DreamWorks. C’est une de leurs marques de fabrique et ça leur permet de facilement se démarquer des autres studios, ce qui est très positif. Cependant, la variété de celui-ci rend l’ensemble très irrégulier dans Les Croods. Énormément de blagues sont destinées aux plus jeunes, ce qui m’a fatalement moins touché que le paquet d’autres destinées à un public plus mature. Je ne dis pas que varier est une mauvaise chose, c’est juste que là j’ai trouvé ça trop visible, trop palpable. Mais sinon, y a des vannes dedans qui sont cultissimes et compensent largement le reste.
On pourrait reprocher aussi une petite impression de déjà-vu sur quelques productions, comme Les Pierrafeu, Avatar, l’Âge de Glace et j’en passe, mais quand ce n’est pas directement pompé (comme Rio) et fait de façon plutôt intelligente comme ici, ça ne me gène pas du tout.
Donc voilà, vous avez là mes deux principaux reproches au film. Le reste, c’est bonheur. Bonheur déjà parce que graphiquement, ils se sont fait plaisir. Je parle régulièrement de la guéguerre technique entre les différents studios et je pourrais la ressortir ici. DreamWorks montre une fois de plus sa maîtrise, dans ce film à l’animation bluffante, associée à une réalisation extraordinaire, très cartoon par moment, de Chris Sanders et Kirk DeMicco, nous offrant des scènes à couper le souffle (la chasse au début, toutes les scènes d’action, etc.). Bref, c’est un petit bijou visuel.
En plus, artistiquement, on est dans la même idée de lâchage. Que ce soit pour le contraste poétique représentant le progrès qui nous est offert entre l’ancien monde de la famille Crood -dur, terne et désolé- et le nouveau -chatoyant, coloré, peuplé, etc.- ou tout simplement ce qui compose ce nouveau monde au niveau faune et flore, ils se sont lâchés pour notre plus grand plaisir. Si vous voulez comparer, c’est comme si l‘Âge de Glace (pour comparer avec un autre film vaguement de loin dans la même époque), c’était simplement une zone indus’ à Aubervilliers.
Côté histoire, c’est une quête qui nous est proposée. Elle nous montre le changement d’époque pour une famille d’hommes des cavernes et tout ce que ça implique. Ça peut vraiment paraître simple comme ça, mais les gars de chez DreamWorks ont fait les choses très bien, nous offrant au travers de cette aventure une sublime métaphore de vie dont le méchant n’est pas les bestioles qu’on peut trouver sur place, mais soi-même, poussant ainsi bien plus loin la profondeur d’un film de chez eux qu’ils ne l’avaient fait avant. Et c’est là la vraie force du film à mon sens. Plus que son esthétique à couper le souffle, c’est ce double niveau de lecture très puissant, celui pour les adultes, qui… bein qui m’a fait lâcher ma larme. Et chez DreamWorks, c’est rare. J’aimerais d’ailleurs vous en balancer plus, mais ce serait vous gâcher le film
Et pour la porter, cette quête, on nous offre un groupe de personnages carrément clichés, mais qui sont autant d’occasions de nous apporter humour et émotion par la diversité de leurs caractères. Il y a une vraie harmonie dans les personnages qui fait que le film tient la route à mon sens. D’autant plus que tout le groupe est doublé, en VO, par un casting absolument affolant. Pour jouer le père qui ne veut pas évoluer, c’est Nicolas Cage qui s’y colle. Sa voix colle parfaitement au personnage, tout comme celles de Emma Stone en Eep et Ryan Reynolds en Guy. Y a pas à dire, ils savent y faire chez la Shrek Family.
En conclusion, vous l’aurez compris, je suis sorti sur le cul de ma séance. Avec ma petite claque graphique, humoristique et émotionnelle, le duo de réalisateurs m’a réellement surpris, car je n’en attendais vraiment pas grand chose alors qu’au final j’ai pu déguster un film clairement du niveau d’un Dragons, si pas plus, qui le place dans les hauteurs du studio.
Les plus jeunes trouveront leur compte dans ce film, de par l’humour, le bestiaire adorable et l’ambiance visuelle (où la 3D apporte un peu de majesté pour quelques scènes) et audio funky, mais les adultes ne seront clairement pas mis de côté. Une expérience très très agréable, que je vous hurle d’aller découvrir au cinéma !
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