La nuit j'aimante
Quand Louis Garrel passe à la réalisation, il y a fort à craindre en matière de franco-France au cm carré. Les deux amis commence par tenir ces craintives promesses, dans le portrait de deux...
le 9 août 2016
33 j'aime
4
Quand Louis Garrel passe à la réalisation, il y a fort à craindre en matière de franco-France au cm carré. Les deux amis commence par tenir ces craintives promesses, dans le portrait de deux trentenaires aussi libres que pathétiques, dont le visage de cocker et la voix fêlée de Macaigne expriment la quintessence.
Paris, des ralentis, des scènes de « décrochages poétique » (ou ambitionnées comme telles, à l’image de cette danse forcée dans le café désert) des discussions sur l’amour, l’amitié et la liberté… Il faut s’accrocher pour jouer le jeu et se laisser immerger dans un monde un peu trop codifié pour être véritablement émouvant, qui plus est quand on assiste à la sempiternelle partition de comédiens se contenant d’être eux-mêmes.
Il faut tout de même reconnaitre à Garrel le courage de son ton : il assume un romantisme échevelé qui côtoie par instant, sans l’atteindre, le ridicule, et joue sans cesse à infuser dans son écriture les limites qui semblent être celle de l’immaturité affichée de ses personnages : conseils foireux en matière de séduction, gestion calamiteuse de la liberté, nuit blanche comme une fuite en avant : rien ne permet, semble-t-il, la leçon ou le progrès.
Le cœur du récit joue de cette dramaturgie : la permission accordée à la détenue déraille, et lui permet les expériences de la liberté, du libertaire (appuyées par le tournage, un peu lourdaud, des émeutes de 68), voire du libertinage. Gosfiteh Farrahni prend visiblement plaisir à cumuler ce que son pays d’origine pourrait lui reprocher (mœurs légères, alcool, nudité…) et à faire tourner la tête de nos deux clampins nationaux, et il faut concéder une certaine ironie de la part de Garrel pour comprendre une partie de son projet.
Car l’essentiel, comme le rappelle le titre, est ailleurs que dans ce décorum d’une nuit blanche. Il s’agit surtout d’une rupture inattendue et de la façon dont un dominé au long cours décide de s’émanciper. Le discours de Clément à Abel, sa franchise, l’aspect définitif de ses déclarations retournent habilement l’équilibre qu’avait établi le début du récit, et qui donnait la part belle à l’acteur-réalisateur.
« On est devenu des minables », lui dit-il, tout en se désolidarisant de cet état de fait. Sur cette direction nouvelle, le film retrouve une vigueur et une sincérité qu’on n’attendait plus, et laisse présager un regard plus singulier qu’il n’y parait de l’apprenti cinéaste sur les terres balisées du cinéma hexagonal.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Comédie, Film dont la ville est un des protagonistes, Les meilleurs films sur l'amitié masculine, Vus en 2016 et Nuit blanche
Créée
le 9 août 2016
Critique lue 1.8K fois
33 j'aime
4 commentaires
D'autres avis sur Les Deux Amis
Quand Louis Garrel passe à la réalisation, il y a fort à craindre en matière de franco-France au cm carré. Les deux amis commence par tenir ces craintives promesses, dans le portrait de deux...
le 9 août 2016
33 j'aime
4
L’amitié fait partie intégrante du cinéma de Louis Garrel, dont le premier court métrage, Mes Copains, célébrait sa bande de potes. En 2011, il réalisait La Règle de trois avec son complice Vincent...
Par
le 7 juil. 2015
19 j'aime
2
Libre adaptation des Caprices de Marianne d'Alfred de Musset (ou plutôt pourrait on dire «Argument Musset» selon les dires du réalisateur), Louis Garrel signe ici son premier film , co-écrit avec...
Par
le 25 sept. 2015
13 j'aime
Du même critique
Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...
le 6 déc. 2014
774 j'aime
107
Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...
le 14 août 2019
715 j'aime
55
La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...
le 30 mars 2014
617 j'aime
53