Quand Louis Garrel passe à la réalisation, il y a fort à craindre en matière de franco-France au cm carré. Les deux amis commence par tenir ces craintives promesses, dans le portrait de deux trentenaires aussi libres que pathétiques, dont le visage de cocker et la voix fêlée de Macaigne expriment la quintessence.


Paris, des ralentis, des scènes de « décrochages poétique » (ou ambitionnées comme telles, à l’image de cette danse forcée dans le café désert) des discussions sur l’amour, l’amitié et la liberté… Il faut s’accrocher pour jouer le jeu et se laisser immerger dans un monde un peu trop codifié pour être véritablement émouvant, qui plus est quand on assiste à la sempiternelle partition de comédiens se contenant d’être eux-mêmes.


Il faut tout de même reconnaitre à Garrel le courage de son ton : il assume un romantisme échevelé qui côtoie par instant, sans l’atteindre, le ridicule, et joue sans cesse à infuser dans son écriture les limites qui semblent être celle de l’immaturité affichée de ses personnages : conseils foireux en matière de séduction, gestion calamiteuse de la liberté, nuit blanche comme une fuite en avant : rien ne permet, semble-t-il, la leçon ou le progrès.


Le cœur du récit joue de cette dramaturgie : la permission accordée à la détenue déraille, et lui permet les expériences de la liberté, du libertaire (appuyées par le tournage, un peu lourdaud, des émeutes de 68), voire du libertinage. Gosfiteh Farrahni prend visiblement plaisir à cumuler ce que son pays d’origine pourrait lui reprocher (mœurs légères, alcool, nudité…) et à faire tourner la tête de nos deux clampins nationaux, et il faut concéder une certaine ironie de la part de Garrel pour comprendre une partie de son projet.


Car l’essentiel, comme le rappelle le titre, est ailleurs que dans ce décorum d’une nuit blanche. Il s’agit surtout d’une rupture inattendue et de la façon dont un dominé au long cours décide de s’émanciper. Le discours de Clément à Abel, sa franchise, l’aspect définitif de ses déclarations retournent habilement l’équilibre qu’avait établi le début du récit, et qui donnait la part belle à l’acteur-réalisateur.
« On est devenu des minables », lui dit-il, tout en se désolidarisant de cet état de fait. Sur cette direction nouvelle, le film retrouve une vigueur et une sincérité qu’on n’attendait plus, et laisse présager un regard plus singulier qu’il n’y parait de l’apprenti cinéaste sur les terres balisées du cinéma hexagonal.

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le 9 août 2016

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Sergent_Pepper

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