Le film s'ouvre sur la respiration amplifiée au micro de Claudia (Ximena Ayala), tout juste 22 ans, dans un petit studio perdu dans une zone quasi-industrielle d'une grande ville du Mexique - on ne saura jamais vraiment où. Petit boulot ingrat, et puis un jour, une crise d'appendicite.
On retrouve notre petit bout de femme à l'hôpital, et on fait assez vite la connaissance de Martha, sa voisine de lit, non seulement parce que cette dernière a un abord bonne maman et se préoccupe des gens autour d'elle (non négociable, prends donc une chips ma petite), mais aussi (et c'est une fois de plus nos oreilles qui nous le disent) parce que toute sa petite famille ne passe pas inaperçu.
Bon, il y a un peu de rebattu dans le choix des personnages (l'aînée qui croule sous les responsabilités et doit servir de maman aux autres quand la leur n'est pas en état, la deuxième en mal d'attention, la troisième un peu influençable entrant tout juste dans l'adolescence, et le petit dernier, là pour...euh... être mignon et triste, caché sous le lit d'hôpital de sa mère pour y passer la nuit?), mais dans le flot du film, ça ne dérange pas - quitte à raconter l'histoire de dizaines de familles dans un lieu lambda, autant le faire jusqu'au bout.
ENSUITE commence la partie un peu marrante du film : Claudia se fait séques... -pardon- INVITER (suis-je la seule à avoir eu cette impression?) par Martha et ne quitte plus la petite famille.
De quoi vous donner le sourire, envie de pleurer et de vomir tout à la fois. Parce que oui, il ne faut pas être sensible aux nausées d'autrui devant ce film: Martha ne va pas bien. Mais alors pas du tout - dès le début, on se doute qu'elle est condamnée, et on espère simplement qu'on nous épargnera le plus possible son agonie - réaction instinctive, peut-être, et bien comprise par les gens qui ont cousu cette histoire: on est relativement épargné - mais on reste dans la salle comme Claudia reste avec elle, coûte que coûte.


Finalement, Claudia Sainte-Luce est quelqu'un de très intelligent: on oublie totalement qu'on est dans un film, et pourtant, certains détails de construction n'échappent pas à un œil attentif - j'en tiens pour preuve le générique de fin (si si, restez) sur des accumulations de photos de famille, au milieu desquelles se glisse toujours, discret, un petit squelette. Signe peut-être que tout ce qu'on a vu de tragique pendant une heure vingt ne doit pas rester l'impression majeure que l'on a du film - on quitte des personnages qui ne meurent pas eux aussi à la mort de Martha. Et c'est ce qui nous rend son testament très terre-à-terre ("lavez-vous bien les dents, allez chez le dentiste, démaquillez-vous avant d'aller vous coucher, dormez avec des chaussettes") particulièrement touchant - the show must go on, disait l'autre, et c'est exactement ce qui arrive.

Bloarg
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le 8 avr. 2015

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