Réalisateur et scénariste au passé sulfureux, José Giovanni sait de quoi il parle lorsqu'il s'agit de banditisme et ce n'est pas pour rien que la majorité de ses romans aient été adaptés à l'écran. Pour "Les égouts du paradis", Giovanni raconte à peine deux ans après les faits, le spectaculaire casse d'Alfred Spaggiari qui défraya la chronique en 1976. Un ex-bandit, racontant l'histoire d'un autre bandit, rien d'étonnant à ce que l'image de Spaggiari soit plutôt très conciliante envers le personnage. Giovanni admire Spaggiari et en fait un cambrioleur philanthrope, un Arsène Lupin moderne, un artiste en son genre... Et la plume d'Audiard aux dialogues ne va pas contredire son propos. Le film influenca beaucoup la notoriété plutôt positive dont jouit le bandit auprès du public.
Mais au-delà du héros, le film est surtout un modèle d'efficacité en matière de mise en scène de braquage. Face à l'image un peu d'Epinal que les auteurs donnent à leurs personnages haut en couleurs, toutes les séquences du braquage sont au contraire, d'une précision documentaire et ne laissent pas place au folklore. On vit véritablement le casse avec eux. Aujourd'hui un peu oublié, ce film garde toujours son efficacité et en fait un petit chef d'oeuvre de seconde zone.