Je suis un volcan
La comédie sentimentale est un genre très codifié. Finalement, il y a très peu de place pour l'originalité et la fantaisie. Les personnages se rencontrent, se plaisent mais mettent 90 minutes à...
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La comédie sentimentale est un genre très codifié. Finalement, il y a très peu de place pour l'originalité et la fantaisie. Les personnages se rencontrent, se plaisent mais mettent 90 minutes à sortir ensemble à cause de certains obstacles idiots. Ou alors ils se rencontrent, sortent ensemble mais, dans la seconde moitié du film, par suite de certains quiproquos ou par refus d'abandonner d'antédiluviennes habitudes, le couple est mis en péril ; mais rassurez-vous, tout se termine généralement bien.
Je crois que c'est d'ailleurs ce manque absolument d'originalité, ce chemin tout tracé vers une fin sans surprise, après tout un film dénué lui-même de la moindre surprise, qui assure en grande partie le succès du genre. La comédie sentimentale est un genre rassurant car parfaitement borné, délimité. Lorsque l'on commence cela, on sait où l'on va.
La marge de manœuvre des cinéastes est donc forcément diminuée d'autant. Elle joue sur le rythme du film, le type de gags, les personnages secondaires (souvent plus intéressants que les principaux ; ainsi, dans 4 Mariages et un enterrement, je ne me souviens que de Rowan Atkinson, le reste sombre dans le flou le plus intense) et le jeu des acteurs.
C'est là que ce film joue serré, mais très bien. En prenant comme personnages principaux deux caractères ayant des problèmes de vie en société, Jean-Pierre Améris tire une carte de choix et sait très bien la jouer, sans en abuser. Constamment en équilibre, le film sait tirer beaucoup d'humour de ses personnages sans pour autant les ridiculiser, mais en les montrant avec tendresse et respect. Pas de gags faciles ni de situations équivoques, mais un humour léger et agréable à la surface duquel on sent en permanence le drame affleurer.
Car la situation de ces personnages n'est pas simple, elle constitue une souffrance, une gêne qui empêche de mener une vie correcte. De plus, elle en dit long sur une époque où on peut plus facilement communiquer par écran interposé avec un inconnu à l'autre bout du monde que nouer de vraies relations avec des gens qui sont autour de nous.
Améris parvient aussi à détourner subtilement les codes du genre. Ainsi, les différentes étapes habituelles des rencontres amoureuses dans ce type de films (le premier restaurant, le premier baiser) sont toutes dictées par un psy qui cherche à ouvrir son patient au monde.
Et il reste le jeu d'acteurs. Si Isabelle Carré est une valeur sûre, choisir Poelvoorde était un pari risqué, mais réussi. L'acteur, bien dirigé, bien cadré, est formidable.
Sans être un chef d’œuvre, le résultat est vraiment plaisant.
Et si on dit qu'en plus, il se déroule essentiellement dans l'univers du chocolat, ça doit constituer une raison suffisante pour le voir.
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le 22 déc. 2015
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