Ce qu'aurait dû être Invasion Planète X
Ayant laissé sa place à un autre réalisateur qui n’a pas vraiment réussi à se démarquer (Godzilla vs. The Sea Monster, Le Fils de Godzilla), voilà que le grand papa des Kaijus, Ishirō Honda, nous revient avec ce film au titre de série B : Les envahisseurs attaquent. Évocateur qui plus est, montrant que le long-métrage refait un passage par la science-fiction (alors que Jun Fukuda l’avait délaissée). Mais rappelez-vous d’Invasion Planète X, qui nous avait littéralement laissé sur notre faim (nos chers monstres ne servant que de figurants, au profit d’une Guerre des Mondes à faible budget).
D’autant plus que sur le papier (en lisant le synopsis), Les envahisseurs attaquent s’annonce comme un vulgaire copié-collé de ce vieil opus. Reprenant exactement la même trame : des extra-terrestres d’apparence humaine qui décide de nous envahir en utilisant à leur avantage les nombreux monstres qui ont causé mort et destruction. Une trame de survie de l’humanité où nous suivons un petit groupe qui tente de contrecarrer les plans de l’ennemi. Avec, par moment, quelques passages dans l’espace, sur une planète/lune déserte et éloignée de la Terre. Oui, c’est Invasion Planète X tout craché ! Des personnages (le même genre) aux bruitages des vaisseaux, en passant par les décors lunaires de la planète inconnue et aux quelques plans qui se ressemblent (comme cette scène où les personnages regardent à travers une vitre leur fusée, pointée vers le ciel, posée dans une sorte de hangar).
Cependant, Les envahisseurs attaquent a beau ressembler à Invasion Planète X, il ne commet pas les mêmes erreurs. À commencer par le scénario ! S’il se montre toujours aussi peu écrit, il va directement à l’essentiel (les aliens nous attaquent en envoyant les monstres, ont subi, on cherche à trouver un moyen de les arrêter, on riposte, combat final des bestioles, happy end !). Sans passer par d’inutiles trames secondaires, telle qu’une romance impossible ou encore une relation familiale/amicale qui n’est là que pour meubler l’ensemble. Non, Les envahisseurs attaquent ne se pose pas de question : il nous plonge aussitôt dans l’ambiance, point ! Sans doute le Kaijus eiga le plus efficace que l’on ait connu depuis le tout premier Godzilla !
Et puis, ce film est l’occasion de réunir tous les Kaijus qui ont été inventés depuis les débuts de ce genre de divertissement. Ainsi, nous avons droit à Godzilla, Mothra, Rodan, Anguirus, Manda, Minilla (…), Gorosaurus, Kumonga et Ghidorah entre autres. Promettant un combat final réellement prestigieux. Tout en offrant à chacun une bonne durée d’apparition à l’écran, et ce dès le début du film (via une petite présentation façon « les combattants se préparent à entrer dans l’arène »), en s’arrêtant en cours de routes sur des séquences de destruction les mettant en valeur. Bref, nos chers Kaijus ont droit à beaucoup plus d’honneur dans ce long-métrage que dans Invasion Planète X. Et vu les têtes d’affiche, le tout n’en est que plus jouissif !
Sans oublier le fait qu’ici, les extra-terrestres ne ressemblent aucunement à des Télétubbies, vêtus d’un pyjama et surmontés d’une antenne. Les envahisseurs attaquent met donc ce côté SF rétro à la Star Trek sur le banc de touche. Dans ce film, le look des méchants se montre beaucoup plus sobre et moins kitsch (à part leurs pistolets-laser, qui sentent bon le plastique). Cela se contente de grandes toges argentées, ni plus ni moins ! Et cela ne tombe jamais dans l’agacement (les bruitages en surdose des soucoupes volantes dans Invasion Planète X qui faisaient saigner les oreilles) ou bien dans la connerie scénaristique (pas de personnage qui trouve d’un coup d’un seul la faille des aliens qui, dans Invasion Planète X, étaient sensibles aux sons aigus). Encore une fois, ce n’est pas les extra-terrestres qui nous intéressent dans le film mais plus les monstres. Ishirō Honda l’a bien compris pour ce film !
Là où nous pouvons regretter un chouïa les films de Jun Fukuda, c’est du côté des effets spéciaux. Non pas que les divers costumes en latex ou marionnettes soient meilleures ou pires. Mais cela concerne plutôt les décors miniaturisés et autres maquettes. Fukuda avait une façon de filmer en présentant des angles de caméra assez larges qui effaçaient le côté « jouet » de l’ensemble. Ici, le manque de crédibilité refait surface. L’aspect « vieux film » n’en est que plus flagrant !
Mais nous n’allons pas jeter la pierre à ce Kaiju eiga bien plus réussis que la moyenne. Toujours en-dessous du Godzilla de base, cet opus fait preuve d’une générosité assez rare dans ce genre de film, et c’est tant mieux ! Une série B à petit budget, certes, mais qui se révèle suffisamment jouissive pour les fans de ce type de long-métrage pour assurer le spectacle. Et ce malgré ses nombreux défauts techniques.