Valeria Bruni-Tedeschi revient derrière la caméra pour le meilleur et pour le pire (surtout). Les estivants, présenté à la dernière Mostra de Venise, est une énième autofiction française où, sous réserve de nous faire partager une œuvre à vocation cathartique, son auteur.e en profite pour nous infliger une trop longue litanie de poncifs pathétiques vaguement politisés dans le seul but de se faire plaindre, être admiré étant ici un objectif tellement utopique que même VBT et son manque de recul évident ont pigé qu’il en allait d’un combat perdu d’avance.


Reprenant une situation proche de Ma Loute (Brandon Lavieville a même un petit rôle) mais en oubliant le second degré absurde qui fait la signature de Bruno Dumont post-P’tit Quinquin, Les estivants crée son microcosme en opposant des ultra-riches à des socialistes caricaturaux, le pire résidant probablement dans Pierre Arditi distribuant un best-of des gimmicks de Christian Clavier comme un barman peu consciencieux sert des shots de téquila à des collégiens demandeurs. Au milieu l’Amour avec un grand Q car développer une relation crédible c’est dur et que c’est bien connu qu’il ne se passe rien entre la case regard complice et l’étape du tourniquet moite, le tout dans une belle villa méditerranéenne imposant l’idée que le CNC a probablement financé la location airBNB la plus cher de France.


En fait, on arrive (rapidement) au triste constat que Les estivants s'essaye avec fracas à la recette très française du grand récit choral composé de têtes d'affiche autour d'un récit diffus pour leur donner chacun un moment de gloire : un groupe de personnages réalistes, souvent à vif, aux mœurs et aux vies purement dans l'air du temps façon Les petits mouchoirs ou la trilogie de Cédric Klapisch (L'auberge espagnole et ses suites). Le problème - pour n'en citer qu'un - n'est pas que Les estivants ne raconte pas grand-chose des hauts et des bas de la vie, ce qu'il met en avant dès l'introduction dans un discours méta pas dingue, mais qu'il raconte tout ça très mal. Ses personnages sont mal dégrossis, les seconds rôles phagocytés par les têtes d'affiche, les gags trop rares et trop appuyés, les dialogues globalement mauvais, le côté gens qui rient/ gens qui pleurent tape sur le système plus qu'il n'émeut, même la longue citation en incipit ou le découlement en actes comme pour se donner un souffle théâtral ou littéraire ne fait que boursoufler ce brouet snob.


Il n’y a pas “rien à sauver” ici, le film essaye même un truc dans sa toute dernière scène, mais c’est très gênant d’essayer d’être les Petits mouchoirs et de ne pas arriver à égaler Les Bronzés 3. A oublier.

Cinématogrill
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le 21 janv. 2019

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