Nous pouvions découvrir il y a peu Shang-Chi au cinéma, cette fois Marvel revient avec une équipe de super-héros complète et méconnue de la grande majorité. Un pari risqué, mais payant ?


Le film signe la deuxième plus longue durée du MCU, le Marvel Cinematic Universe de Disney, et c’est compréhensible lorsqu’il faut faire connaître pas moins de 10 nouveaux personnages. Chloe Zhao s’est risquée à cette mission particulièrement difficile avec un film finalement bien loin des codes de Marvel. En effet, si vous vous attendiez à redécouvrir la formule qui fonctionne tant, ce ne sera pas le cas. Exit l’action à tout va, place aux sentiments si cruciaux entre des personnages presque divins dont les conflits peuvent rappeler la mythologie grecque.


En effet, Les Éternels est un film introductif et explicatif, il prend son temps et se repose sur des décors magnifiques avec une image parfaitement léchée. Est-ce suffisant ? Il va forcément diviser puisqu’il se détache tellement de ses prédécesseurs dans le genre. L’heure est à la contemplation plus qu’à l’action et le long-métrage aurait pu être plus court c’est une certitude. Nous ressentons un peu trop le besoin de poser les bases, parfois à plusieurs reprises.


Toutefois, l’idée de traverser les époques n’est pas une mauvaise idée. Ce moyen nous permet de voir que ces êtres extraterrestres ont aidé l’humanité depuis la nuit des temps, influencés les relations humaines et poussés à l’évolution. C’est surtout un plaisir de voir des décors historiques comme Babylone à l’époque où elle était encore là plus grande cité du monde. Finalement c’est peut-être là que fonctionnent mieux les Éternels, nous aurions aimé en voir plus de cette époque antique et particulièrement de l’époque où ils vivaient à Athènes et où les mythes de Icare et Athena se sont forgés, inspirés par Ikaris et Thena, deux éternels du groupe.


En réalité, la véritable force de ce film de plus de deux heures trente, ce sont ses personnages. Difficile de nous faire apprécier des héros inconnus et pourtant le casting est si bien choisi qu’il en est plus que convainquant. On retiendra Angelina Jolie dans le rôle de Thena qui aurait pu avoir un film à elle seule tellement l’histoire de son personnage est intriguant, ou encore Gemma Chan en Sersi, grande amoureuse de l’humanité. Richard Madden est très bon en Ikaris, celui que le fils de Phastos (interprété par Brian Tyree Henry) et son mari confondra avec Superman (oui oui, bien mentionné dans le film au même titre que Batman), Lauren Ridloff est parfaitement intégrée et son personnage de Makkari se trouve avoir une alchimie parfaite avec celui de Barry Keoghan, interprète de Druig. Kumail Nanjiani est excellent en Kingo et son duo avec son « valet » est tout simplement génial, avec un humour parfaitement dosé. En définitive, c’est un groupe auquel on s’attache, chacun trouve sa place et est essentiel au film. Leur temps d’apparition est plutôt équilibré et surtout leurs échanges sont très bien écrits, comme une véritable famille recomposée.


L’une des qualités du film, c’est d’ailleurs leurs scènes d’actions en groupe, parfaitement chorégraphiées elles offrent des moments très impressionnants mais pourtant trop courts… En effet, l’action manque cruellement au film surtout quand elle est très bien exécutée comme ici. Ces immortels sont très prometteurs, mais il y a comme une impression de ne gratter que la surface des possibilités sans jamais plonger dans la grandeur du cosmique promis.


Enfin, on regrettera parfois la lumière de certains plans. Tourner avec une lumière réelle est un très bon choix et offre des images sublimes avec des plans remarquables, mais parfois c’est un peu trop sombre et retire à l’action son caractère imposant tant on n’y voit pas grand chose. Ces scènes ne sont pas soutenues pas une musique particulièrement marquante non plus, c’est étonnant venant du compositeur Ramin Djawadi qui a travaillé sur toutes les saisons de la série Game of Thrones. On ne retient qu’un ou deux moments où la musique apporte véritablement un plus, la mettre en avant aurait pu être plus judicieux et surtout aurait pu offrir plus de caractère à certaines scènes.


C’est finalement la fin du film qui promet le plus, le MCU est élevé à des hauteurs bien plus imposantes que les précédents films avec des Célestes vertigineux et menaçants. Nous ne parlerons évidemment pas des scènes (au pluriel) post-crédits, mais vous voudrez sûrement rester jusqu’à la fin.


À noté que ce film nous offre un casting varié, mais aussi l’utilisation de plusieurs langues pour montrer la pluralité et la richesse qu’offre l’humanité comme le sumérien, le babylonien, le sanskrit, l’hindi, l’arabe, l’espagnol et la langue des signes. Plus d’un se retrouvera dans ce long-métrage,


En conclusion, le film est bon, on est porté dans la contemplation de ces immortals aux pouvoirs presque illimités. C’est un festin visuel et émotionnel, mais qui aurait mérité un peu plus de force pour s’imposer comme un film du MCU. Sortir des sentiers battus est une très bonne chose pour Marvel et ça fait du bien de voir une oeuvre un peu plus sérieuse dans ce monde très coloré. En revanche, nous avons presque l’impression qu’il n’appartient pas au même monde qu’un Thor ou Iron Man, le film se suffit à lui-même à part une ou deux mentions qui n’ont réellement pas d’impact sur l’histoire. Une chose est sûre, le film divisera les fans du MCU et se présente comme un véritable ovni en brisant les codes, mais en ravira d’autres qui cherchaient du neuf dans cette saga.

Boleyn
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le 2 nov. 2021

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