Avant toute chose : j'ai passé un très bon moment devant le film, qui est indéniablement un OVNI parmi les films du MCU. Le film est beau, dégage une poésie et une certaine grandeur qui manque trop souvent à l'univers. Il n'est pas exempt de défauts, avec notamment la lourdeur caractéristique des productions Marvel Studios, sûrement par peur que le spectateur prenne trop au sérieux les événements présents à l'écran, mais a été dans l'ensemble un coup de cœur.
Avec ces héros traversant l'histoire de l'humanité, tous sympathiques à leur manière et pourtant divins, et ce grâce à un casting absolument parfait. Leurs pouvoirs laissent un sentiment de puissance assez bluffant tout au long du récit, et les enjeux sont à la hauteur des attentes. On peut apprécier évidemment la richesse des décors et les volontés de la réalisatrice d'apporter un peu de diversité dans le paysage cinématographique Marvel.
J'ai visionné les Éternels à la sortie de ma séance de Spider-Man: No Way Home, élément important de cette critique. L'homme araignée m'a laissé un goût amer, d'une montagne de fan service trop souvent cache-misère, faisant appel à nos instincts de fans sans jamais faire honneur au matériau de base que sont les comics. Hors, Chloé Zhao ne peut trop compter sur le fan service pour son film.
Les Éternels ne sont pas connus du grand public, et il se ressent une certaine liberté prise vis-à-vis des mauvaises habitudes du MCU. C'est pourtant toujours le poids des restrictions qui pèsent sur le film : là où l'univers de Jack Kirby est coloré, onirique, absolument révolutionnaire dans ses concepts comme dans ses visuels, le film est ici terne, enfermé par des exigences de "réalisme".
Il ne s'agit pas tant de vouloir absolument calquer des œuvres sur des comics, mais bien de s'interroger sur la pertinence de ces choix dans l'adaptation. Ne peut-on pas concevoir des Éternels tels qu'ils ont été réécrits plus récemment par Neil Gaiman ou Kieron Gillen et Esad Ribić ?
Ces derniers ont réussi à remettre au goût du jour des personnages iconiques, divins, étrangers à notre monde et pourtant modernes, se débarrassant des quelques aspects indéniablement trop datés. Le film ici, tente , mais ne semble pas parvenir à marquer l'essai à ce niveau : le tout est agréable, novateur et constitue un bon blockbuster, mais ne parvient par à traduire à l'écran ce qui fait tout le charme du cosmique à la Marvel.
Je dois accorder néanmoins un point à ce sujet, au risque de spoiler une partir du film :
C'est évidemment la force visuelle des Célestes, représentés ici par Arishem, qui marque à la sortie du film. Quelle claque ! On ne peut qu'imaginer les merveilles que pourraient offrir la présence d'un Galactus dans les années à venir. L'avenir du MCU est je l'espère dans son pan cosmique.
Bref : un bon film pour moi, mais une adaptation ratée, décevante par son manque d'ambitions (ou du moins par les limites imposées par un studio).