Les Fauves de Jean-Louis Daniel est un thriller sur fond de drame intimiste qui sort sur les écrans français en 1984 avec en tête d'affiche Phillipe (La Balance) Léotard et Daniel (L'indic) Auteuil. Pour ce qui est de la pertinence du titre du film je la cherche encore car hormis quelques rugissements d'animaux en fond sonore du générique du film le rapport aux fauves reste la plus grosse énigme de l'intrigue du film.
Les Fauves raconte l'histoire de Christopher Bergman dit "Berg" qui travaille comme vigil de nuit pour le compte d'une entreprise qui organise des patrouilles de surveillances dans Paris. L'homme est un ancien cascadeur qui a perdu sa femme Bella à la suite d'une dispute qui a débouché sur un accident mortel. Le frère de Bella qui souhaite se venger de la mort de sa sœur chérie se fait engagé lui aussi comme patrouilleur de nuit.
Comme assez souvent dans le polar frenchie des années 80 , l'idée de départ du film Les Fauves n'est pas mauvaise en soit, mais c'est son traitement tant visuel que narratif qui va venir plomber le potentiel du film. Même si le film s'articule autour d'une basique histoire de vengeance l'exploration d'un monde nocturne et d'une société de surveillances avec des hommes cabossés qui décident de vivre dans l'ombre et à l'envers des autres tout jouant les cowboys offrait quelques jolis perspectives, mais dont bien trop peu seront concrétisées à l'écran. Les différents personnages qui composent cette microsociété nocturne seront trop peu développés à l'écran et c'est d'autant plus dommage que le film s'appuie sur un casting assez maousse costaud et que globalement la direction d'acteur tient plutôt bien la route. On retrouve par exemple Jean Louis Foulquier en patron et patriarche recueillant les âmes égarés, Valérie Mairesse qui incarne la voix qui guide les patrouilles dans la nuit (ok on pouvait espérer une voix plus chaleureuse et moins stressante) et Sylvie Joly en gouailleuse tenancière de bistrot dans lequel se retrouve les vigils. Quant à la meute de vigils on y retrouve l'excellent François Balmer avec un rôle un peu chargé de maniaco-dépressif violeur qui parle avec son berger allemand, l'éternel parfait second rôle Albert Dray, l'excellent Farid Chopel, la chanteuse et comédienne Louise Portal seule femme parmi les loups et qui n'en est pas moins très convaincante en gonzesse qui en a et Florent Pagny en jeune premier qui poussera même la chansonnette le temps d'une scène (rassurez vous ça ne dure pas longtemps) et exhibera son oiseau le temps d'une autres (Pour ceux qui ne savent pas l'oiseau c'est comme une bite mais en plus petit). Et pour étoffer un peu le casting vous pouvez encore ajouter Macha Méril, Gabrielle Lazure et Riton Liebman.
En ce qui concerne les deux personnages principaux on ne peut pas dire que Daniel Auteuil ni Philippe Léotard livrent de grandes et mémorables performances. Daniel Auteuil reste bien calé en mode automatique dans son personnage à la fois cool et taciturne et Philippe Léotard avec ses airs de chien battu traverse le film comme si il portait tout le désespoir du monde sur ses épaules. Comme si l'air éternellement triste de Léotard ne suffisait pas, le film a la très mauvaise idée que le personnage exprime sa tristesse et sa mélancolie en jouant de la flûte dans les circonstances les plus incongrues, on avait l'homme à l'harmonica on se retrouve avec l'homme à la flûte traversière mais à l'écran ce n'est pas tout à fait la même musique. La confrontation direct entre les deux antagonistes sera aussi expéditive que décevante et l'excellente idée de montrer comment Léandro (Léotard) monte toute la meute de vigils contre Berg pour provoquer son lynchage sera bien trop paresseusement exploité à l'écran alors que cela pouvait engendrer une chasse à l'homme nerveuse et stressante. Les Fauves est également un film bourré de maladresse de mise en scène , de clichés platement exposés et d'instants douteux comme cette relation pédo-incestueuse traité comme une romance à l'eau de rose avec violons et ralentis.
C'est assez dingue le nombre de polar français des années 80 qui ont gâchés leur petit potentiel avec des réalisation aussi paresseuse que médiocres et des traitements mou du genoux . Même si je ne suis pas un adepte de la pratique, je serais curieux de voir un remake de ce film sous la caméra de Florient Emilio Siri, Nicolas Boukhrief, Olivier Marchal ou Fred Cavayé