Les prémices d'un grand pas.

Abordant la question du racisme dans l'Amérique ségrégationniste des années soixante, Les Figures de l'ombre s'impose comme un film étonnement juste, alors que son postulat de base laissait plutôt présager un long-métrage ultra conventionnel.

En opposant deux facettes distinctes de l'histoire américaine, histoire identitaire même pourrions nous dire, le film de Theodore Melfi parvient à imposer son sujet en faisant abstraction des poncifs propres à ce genre de production. Certes on y trouvera des personnages parfois caricaturaux, comme celui joué par Kirsten Dunst par exemple, néanmoins le long-métrage ne prend pas de parti et puise sa force en cela. Le soin apporté à l'écriture des dialogues et à la vulgarisation du sujet est appréciable car il permet aussi de mieux développer les personnages à travers les diverses situations de leurs histoires respectives.

Theodore Melfi s'avère être très habile quand il s'agit de présenter les émotions à l'image, la relation entre Katherine Johnson et ses filles est parfaitement crédible à l'écran, de même pour les scènes de vie quotidienne à la NASA. Bien sûr tout cela tient aussi au casting qui s'avère impeccable. Outre certaines séquences marquantes avec de belles envolées, notamment une scène charnière avec Taraji P. Henson, on appréciera aussi le ton donné à l'ensemble. Parlant du racisme sous diverses formes, le film ne fait pas pour autant dans le misérabilisme et s'avère tantôt bouleversant et tantôt drôle avec en prime quelques petites sentences qui font mouche comme la fameuse "Ici à la NASA on pisse tous de la même couleur !", lancée par un Kevin Costner parfait dans son rôle.

En somme on pourra surtout dire des Figures de l'ombre qu'il est un film habile et poignant, car il mise gros sur l'émotion sans pour autant devenir indigeste, une certaine façon de faire que les films américains peinaient à manier depuis quelques temps. Beau film !