Premier film ambitieux sur les traumatismes de la grande guerre et qui fait le pari d’une certaine subtilité dans son propos. Antonin est un homme brisé psychologiquement qui répète inlassablement 5 prénoms et quelques gestes très précis, à longueur de journée. Autant d’indices à puzzle narratif que les flashbacks vont progressivement reconstituer, non sans certaine maladresse dans leur schématisme et le soulignement un peu grossier de certains symptômes.
Le thème du regard ouvre le film : celui des médecins et de la caméra sur les malades qui font l’objet de recherches, notamment par des stimuli reproduisant les grands scènes de leur passé, comme le sifflement annonçant l’assaut. Les hommes, passant de soldats à cobaye, restent des mystères sur l’impact d’une guerre de toute façon absurde, et dont les traces contaminent des corps pourtant sains.
Le film est une réussite dans sa photographie et son traitement du rythme : contemplatif, le personnage principal pose un regard intense à la fois sur les horreurs comme sur le quotidien, comme les cérémonies des soldats noirs ou la préparation des pigeons voyageurs, belle métaphore des messages envoyés vers son futur mutique. La musique, assez sobre elle aussi, a tout du même du mal à ne pas faire penser à celle de The Thin Red Line dont elle s’inspire un peu trop.
On pourra regretter le didactisme de certaines scènes et l’écriture des dialogues, bien trop littéraire, français, en somme… et la fin du film, sorte de remake un peu inutile d’Un long dimanche de fiançailles.