Un western d’Anthony Mann avant sa grande période, celle avec James Stewart où il tournera notamment Les Affameurs, L’Appât et Je suis un aventurier. Grands espaces et amour œdipien, magnifiquement filmé dans cette scène choc où Barbara Stanwyck croise haut ses jambes devant, son père… juste avant que ce dernier ne lui dise qu’il a la sixième dorsale qui le démange ! Contournement subtil du code Hays et de tous les codes en fait… Au rayon des acteurs, Wendell Corey est très fade dans le rôle du héros et souffre de la comparaison avec James Stewart. Par contre, dans le rôle du père, Walter Huston est énorme et Gilbert Roland apporte une touche de romantisme dans ce monde impitoyable. Côté féminin, Barbara Stanwyck est égale à elle-même : un monstre de séduction et d’intelligence mélangées. C’est donc un bon film, pas au niveau des suivants mais déjà plein de solidité et pourvu des thèmes chers à l’auteur : un monde cruel où seuls les forts survivent, peu de tendresse mais de l’humour et de l’ironie savamment distillés, et des paysages magnifiques, plus grands que les individus eux-mêmes et véritables protagonistes de l’histoire.