Avec son titre qui claque et son affiche aux relents de giallo, Les Gants Blancs du Diable avait quelque chose de furieusement attrayant pour l'amateur de cinéma Bis et de petites production françaises perdues et oubliées que je suis. Ce premier film en tant que réalisateur de l'acteur d'origine hongroise László Szabó par ailleurs habitué des films de Godard et Chabrol promettait de combiner en une même pellicule satire politique, thriller et comédie. Si à l'arrivée tous les ingrédients sont bien présent c'est tout de même l'aspect comédie étrange qui surnage d'un film dans lequel il est assez difficile de totalement plonger.


Le film raconte donc l'histoire d'un politicien qui se lance à la course à la présidentielle mais qui se retrouve contrarié par la mort d'un barman dans un bistrot dont il était l'ancien tenancier. Un mystérieux tueur borgne sévit alors qu'un un ex flic converti au bouddhisme enquête tandis le passé trouble du politicien refait surface.


Affiche et titre un peu mensonger ? En tout cas Les Gants Blancs du Diable n'est absolument pas le film que j'attendais et que j'espérais. Le film de László Szabó lorgne bien plus du côté du cinéma d'auteur bavard et expérimental que du cinéma de genre carré et efficace. La satire politique est minime et même si l'on retrouve un tueur à gage et un enquêteur, l'aspect thriller n'est visiblement pas du tout ce qui intéresse le plus le réalisateur. Assez vite le film se perd en longue digressions drolatiques durant lesquels les comédiens et comédiennes, qui visiblement improvisent beaucoup, se livrent à de grandes tirades pas toujours très inspirées. Nous aurons donc droit à une leçon sur le globe oculaire, les malheurs d'un type qui craque son pantalon dans une fête foraine, un voisin qui raconte ses problèmes intestinaux et une actrice interprétée par Bernadette Lafont qui raconte sa rencontre avec un gros lourdaud diabétique ou qui dans une autre scène raconte dans un lit à un noir dodu qui joue de la trompette entre deux fous rires ses étreintes avec un plombier qui pue des pieds ... Toujours dans ce même registre un peu décalé notre homme politique interprété par Jean Pierre Kalfon emploie comme homme de main pour les séances d'interrogatoires musclés une petite bonne femme adepte des grandes claques de bucherons et du coup du lapin. Quant au tueur interprété par Yves Afonso (L'acteur aux faux airs de Bebel) il s'entraine à tirer à l'aveugle sur des ballons tenus en main par Serge Marquand avec un sourire un peu niais d'assistante de magicien.


Pourtant aussi foutraque et parfois étonnant qu'il soit; Les Gants Blancs du Diable n'est jamais vraiment drôle non plus , le film restant dans une ambiance très bavardage sans fond et même un peu prétentieuse. Du coup je crois qu'après 45 minutes j'ai commencé à doucement mais irrémédiablement sortir du film sans pouvoir m'y raccrocher par la suite y compris par le plaisir de découvrir un film rare et singulier. Une fois l'ennui durablement installé c'est avec une certaine souffrance que j'ai réussi à terminer le film sans avoir l'envie de lui offrir une seconde chance.


L'affiche et le titre vendait un peu du rêve, mais la réalité c'est que le film de László Szabó est une petite comédie sociale bien plus inspiré par la nouvelle vague et l'ambiance post soixante-huitarde que par le giallo et le Poliziotteschi.

freddyK
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le 22 mars 2022

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