Il y a une fougue impertinente dans Les Griffes du lion, une passion pour le personnage qu’il traite et qu’il cherche à cerner, au plus près de l’homme, au plus près du mythe. Car Attenborough ne choisit pas : il s’attache à mêler le biographique et la légende. Sa caméra porte admirablement ce choix, captant la guerre par le prisme du jeune Churchill et de son évolution intérieure. Si le film peut de prime abord décourager par sa longueur – 2h27 – et sa langueur générale – importance accordée aux discussions, primauté du verbal à défaut du verbeux –, il convient de dépasser cette première impression pour mieux capter la profondeur du portait établi par le cinéaste. Le film prend le temps de peindre une époque, de lui restituer sa couleur, fondamentale pour mieux cerner le personnage de Churchill. Fondamentale pour faire naître, au sein du cadre et en-deçà du mythe, l’émotion, dont l’expression la plus flagrante résiderait certainement dans le dernier discours d’un père sur le déclin, magnifiquement filmée et interprétée. Mention spéciale aux acteurs qui, tous, incarnent brillamment leur personnage. Le rythme est parfaitement dosé grâce à de nombreuses trouvailles dans la mise en scène : travail de la voix-off mêlant témoignages et confessions de Churchill, découpage évitant une restitution trop académique qui suivrait une ligne biographique figée, construction réfléchie des plans etc. En somme, une très belle lecture de la jeunesse assez méconnue d’un grand homme qui a l’audace de traduire le lion politique par une fougue cinématographique.