Ce que propose Les Héros ne meurent jamais n’est autre qu’une promenade digestive qui doit, à terme, faire de Joachim un prophète ou un menteur et justifier l’expédition, sans jamais aller à la rencontre de l’autre. Le film de Aude-Léa Rapin s’avère incapable de quitter son petit sujet de base – postulat qui sonne davantage comme un prétexte à une forme documentaire dont le réalisme brut se teinte de fantastique – pour embrasser du regard la culture bosniaque dans laquelle les spectres des horreurs passées continuent de s’animer ; sa focalisation nombriliste l’empêche d’intercéder avec autrui et atteste aussitôt l’échec cuisant du dispositif mis en place.


Nous avons l’impression désagréable de suivre un groupe d’amis dans une virée en Bosnie : le pays est une toile de fond devant laquelle s’agitent des personnages obsédés par l’image, la prise de son, la captation continue de leurs crises existentielles ô combien artificielles. C’est à peine si la caméra ne s’attarde pas sur l’entrejambe d’un Joachim savonné sous la douche, qui se propose d’ailleurs, feignant la colère, de faire l’hélicoptère. Tout cela rappelle le douloureux visionnage de The Last Face (Sean Penn, 2016). Sur l’entrelacs du documentaire type reportage et de la fiction pure, voir J’irai mourir dans les Carpates (Antoine de Maximy, 2020), véritable réussite dans le genre.

Créée

le 15 janv. 2021

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