Quelques fois, il suffit simplement d'un(e) acteur/actrice pour que l'on se jette aveuglément sur un film sans s'attarder sur le reste. De ce point de vue (et si vous êtes amateurs de bonnes séries), "The Keeping Hours" a de quoi sérieusement attirer votre attention en réunissant Carrie Coon ("The Leftovers", "Fargo") et Lee Pace ("Pushing Daisies", "Halt & Catch Fire") dans un même long-métrage et, forcément, devant un tel duo d'acteurs talentueux, impossible de résister bien longtemps avant de se lancer dans le visionnage de cette nouvelle production Blumhouse s'aventurant pour la première fois sur le terrain du mélo surnaturel...
On pouvait craindre le pire de cette histoire d'un enfant fantôme cherchant à réunir ses parents divorcés dans la demeure familiale six ans après leur séparation que l'on imagine douloureuse, un tel pitch avait en effet tout pour nous faire plonger la tête première dans la mièvrerie la plus totale mais force est de constater que la première moitié du film de Karen Moncrieff parvient à faire son petit effet. Après une exposition où la patte "épouvante" de chez Blumhouse se fait efficacement sentir lors des manifestations du petit garçon décédé, "The Keeping Hours" amorce plutôt bien son virage sentimental en réussissant à rendre crédible son postulat somme toute extraordinaire. Surtout (et on ne s'était pas trompé sur ce point), l'interprétation du couple formé par Lee Pace et Carrie Coon apparaît clairement comme une plus-value incontestable à l'émotion qui se dégage de ces retrouvailles improbables malgré un déroulement des plus classiques.
Seulement, passé cela, "The Keeping Hours" se met dangereusement à stagner et commence à trahir la faiblesse de ses ambitions malgré quelques jolis moments autour de la flamme amoureuse ravivée chez les deux anciens amants par l'enfant et la présence d'une sous-intrigue concernant une autre présence surnaturelle dans la maison. Et cela ne va pas aller en s'arrangeant... Le dernier acte cède hélas à une révélation finale censée essorer toutes les larmes de nos petits corps mais le procédé apparaît tellement grossier et facile que l'explosion lacrymale tant désirée ne se produira jamais. Si le jeu d'acteurs avait principalement permis de maintenir le film à flot jusque-là, il n'arrive meme plus à faire illusion devant le poids de la mièvrerie qui entraîne "The Keeping Hours" dans les abîmes du mélodrame factice dont aucune émotion réelle ne parvient à se dégager.
Démarrant pourtant plutôt bien, "The Keeping Hours" se vautre dans un tel pathos préfabriqué en fin de parcours que l'on en vient presque à oublier les quelques qualités qu'on lui avait trouvé jusqu'alors. Carrie Coon et Lee Pace auront beau nous avoir rendu le voyage agréable, leur réunion méritait bien mieux qu'un film aussi faiblard. Un rendez-vous manqué pour eux comme pour nous en somme...