Un film que j’ai beaucoup aimé. Alors c’est vrai qu’il rentre très facilement dans la catégorie des films à prestation, mais l’ensemble reste quand même cohérent. D’autant plus que ça peut devenir intéressant de le mettre en parallèle à Dunkerque du coup. Mais bon en soit, qu’est-ce qu’il vaut ? Ben franchement, c’est pas mal du tout. C’est vrai que si on connait un peu l’histoire du début de la Seconde Guerre mondial, on sait où on va, mais comme je connaissais plus la partie française que britannique, c’était intéressant d’avoir cette version. D’autant plus que c’est vraiment mis en place comme un compte à rebours, j’irai même à dire comme une horloge : on finit là où on a commencé, et la succession des scènes s’inspire directement des horloges.
En soit, j’ai bien aimé comment Churchill a été représenté. Clairement, tout le film est construit pour mener à ce discours final (et quel discours !), mais le chemin pris pour y parvenir est intéressant. On présente vraiment Churchill comme un paria, un indésirable en ces temps de crise, avant que justement il ne devienne l’homme acclamé par tout un peuple. Comme si on voyait le prélude à la légende. On le présente avant tout comme un homme, pas forcément fiable, impulsif, va-t’en-guerre, et avec un orgueil considérable. Mais à côté, on nous présente un homme qui tient sur ses convictions, qui peut se montrer parfois sensible et nostalgique. J’ai notamment beaucoup apprécié comment sa relation avec George VI a été représentée. Bon, c’est vrai que c’était peut-être un peu facile d’aborder aussi le point de vue de la secrétaire, mais d’un côté ça fait partie du personnage, de sa légende.
Pour le casting, c’est dans l’ensemble plutôt correct à bon. J’ai bien Kristen Scott Thomas et Lily James (pour une fois), qui apportent une touche féminine dans un film quand même très masculin. Ronald Pickup et Stephen Dillan sont vraiment très chouette en Chamberlain et Halifax, j’ai trouvé qu’ils apportaient un soutien très efficace tout au long du film, au point de parfois paraître trop appliqués même. Cependant, mon second rôle préféré reste Ben Mendelsohn, qui est une fois de plus extraordinaire. Peut-être pas du niveau de Colin Firth, mais il a été brillant dans chacune de ses scènes. Mais évidemment, ce film ne serait pas un film à performance sans son acteur principal, Gary Oldman.
Et oui, on l’annonçait, oui on le savait déjà que c’était un acteur extraordinaire ; mais il faut l’admettre, il est juste monumental en Winston Churchill. De sa première scène à la dernière, il donne un impact incroyable au personnage. Et alors que le film comme Oldman peuvent paraître un peu mollasson par moment, lors du discours final… On atteint une véritable transcendance. Et le meilleur, c’est qu’à titre personnel, je ne suis même pas sûr que ce soit ma prestation favorite d’Oldman, tout aussi magistral qu’il puisse être. Ce qui en dit long.
Du point de vue technique, s’il n’est pas parfait, j’ai beaucoup apprécié plusieurs points du film. La musique notamment, plutôt classique pour un film à Oscar et de guerre, mais tout comme Immitation Game, j’ai beaucoup apprécié la mélodie et l’ambiance qu’elle crée au cours des diverses scènes. La mise en scène est très efficace, avec quelques plans-séquence et une construction des plans fixe très intéressantes, mais c’est surtout ces travelings nous plongeant dans le regard de Churchill que j’ai apprécié, notamment quand on commence à le mettre en parallèle (beaucoup de scènes se font ainsi écho à travers le film). Les décors sont bien sûr fabuleux, et on saluera également le travail fait sur les maquillages, rendant Oldman à peine reconnaissable (mais on retrouve son regard à plusieurs moments, et y’a quelques scènes où on voit la prothèse quand même).
Bref, j’ai failli le rater mais je suis vraiment très content d’avoir pu voir Les Heures sombres. Car sans être parfait ni extraordinaire, c’est typiquement le genre de film à Oscar que j’aime regarder encore et encore, qui me fait aimer les biopic historiques.