Oui, bon, ok, ça va, on le sait, Gary Oldman est incroyable, il va l’avoir son putain d’Oscar ! Et oui, l’équipe maquillage le mérite aussi ! Mais doit-on parler du reste du film ?
Joe Wright n’est pas un réalisateur, c’est un plasticien qui s’est trompé de voie. Beau, le film l’est, tant au niveau de la lumière que des cadres, mais Joe Wright ne sait ni raconter une histoire, ni rendre ses plans « utiles ». C’est là mon gros souci avec ce cinéaste : il a un vrai sens visuel, mais c’est très souvent lié à de l’esbroufe, du cache-misère, une démonstration de savoir-faire certes parfois bluffante (encore que, ne parlons pas du bombardement de l’armée anglaise dans la citadelle) mais qui ne met qu’en évidence un manque profond de développement de personnages (une demi-douzaine d’inutiles ici), un sens du timing et l’art d’exploiter pleinement le potentiel émotionnel d’une séquence (le discours final).
Et sinon, au passage, je n’ai pas trouvé Churchill aussi drôle que ça, alors que la moitié de ses citations me font hurler de rire en général.
Alors oui, Les heures sombres est un film assez beau, porté par un acteur qui écrase tout et tout le monde, mais tout cela manque juste d’un peu de chair, de consistance, et peut-être d’humilité pour devenir le grand film qu’il aurait pu être.