Mathilde et Thibault, deux belles âmes dans un monde de brutes, deux trajectoires opposées professionnellement, deux regards qui finissent par se croiser.
Mathilde subit au sens propre comme au sens figuré une véritable descente aux enfers. Des hauteurs de la hiérarchie auprès de laquelle elle officiait comme cadre efficace et respectée, la voilà reléguée du jour au lendemain dans les sous-sols de sa boîte, dans un local froid, sans fenêtre et accolé aux toilettes. La jeune femme, victime d'un supérieur hiérarchique odieux (excellent Eric Savin) voit peu à peu disparaître toutes perspectives de remontée à la surface. Comme son ex-mari, dont elle n'a toujours pas fait le deuil, la voici littéralement enterrée. Contrairement à Mathilde qui s'inscrit dans cette verticalité de la réussite et de l'échec, celle de l’ascenseur, celle qui sépare les vivants des morts, Thibault, médecin urgentiste arpente quant à lui l'horizontalité de la ville avec sa voiture de service : rues, boulevards, impasses, embouteillages font son quotidien. Sans cesse à la recherche d'une place où se garer pour pouvoir intervenir auprès de ses patients, il doit faire face à l'animosité d'un certain nombre de gens qui le considèrent comme un privilégié : un gardien qui ne l'autorise pas à entrer dans un parking, un chef d'entreprise qui lui jette un chèque par terre. Sa patience face à ces mesquineries est mise à rude épreuve.
Nous avons bien souvent envie de nous révolter pour Thibault et Mathilde face aux injustices et humiliations qu'ils subissent. De répondre avec violence. Mais la seule réponse possible, celle à laquelle Mathilde et Thibault se tiennent et qui fait d'eux des humains particulièrement admirables c'est le respect de leur propre intégrité, de leur dignité.
La mise en scène de Philippe Harel est à l'image du roman Delphine de Vigan, pas de pathos, pas de chichi, pas de happy-end. Juste ce qu'il faut pour s’intéresser à ses personnages.