Parce qu’il n’est pas suffisamment mauvais pour intriguer, parce qu’il s’efforce, tel un animal en cage, de sortir des références qui le fondent à grand renfort de musique tonitruante et de scènes clipesques, Les Maîtres de l’illusion se voit et s’oublie aussitôt, ne trouvant de valeur que dans le kaléidoscope des grosses productions américaines ainsi plagiées. Alors il y a du Christopher Nolan, assurément, et du Steven Soderbergh, sans aucun doute ; enveloppez l’ensemble d’un emballage Insaisissables aux accents X-Men prononcés, et voilà le produit fini, prêt à être écoulé sur les rayonnages des grandes surfaces. Nul cinéma là-dedans, seulement une compilation de reflets dont la charge imagogène se désamorce par un phénomène de sur-réverbération visuelle ; l’œil est sans cesse mobilisé et voit son champ de vision saturé d’artifices numériques, à la manière d’une application qui stimulerait l’organe visuel par des jets constants de lumière plus ou moins colorée. Produit épuisant mais confectionné avec talent – le talent d’une contrefaçon soignée –, Les Maîtres de l’illusion atteste la propension d’un État (en l’occurrence, la Russie) à prendre part à l’industrie du blockbuster contemporain avec les seules armes de la copie conforme jetée dans un mixeur.