Peut-être faut-il découvrir cette œuvre (comme l'ensemble de la "Trilogie de la vie") d'une façon non-linéaire, par touche, pour une séquence ou pour un sourire, pour un mouvement de caméra ou pour la beauté d'un corps nu.
Rarement, dans le cinéma, un réalisateur n'aura filmé l'humanité avec si peu d'artifice. Il y a dans ce film beaucoup d'érotisme au sens le plus pur (l'attente et le désir). Pasolini suggère, amène l'émotion et provoque le spectateur sans jamais habiller ni exhiber ses personnages. Cet érotisme est constamment mêlé à l'innocence d'hommes et de femmes, de tous âges et toujours attachants, qui ne sont pas là pour jouer la comédie et qui le montrent.
Par cette étrange association de l'innocence et du sexe, un miracle opère. On comprend mieux les désirs de l'Homme, ses penchants et ses péchés pardonnables. Le doublage appuyé des acteurs, rarement professionnels, renforce encore cette impression de découvrir une peinture sans fard de l'humanité. Un film agréable, assez difficile à aborder frontalement, empli de maturité et qui semble fuir l'évidence du présent.